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Protection des forêts : une nouvelle approche prévisionnelle

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En cette veille de saison estivale annonçant le retour des grandes chaleurs, le dispositif d’alerte et de lutte contre les incendies forestiers est à son seuil maximal en terme de prévention des risques a assuré sur les ondes de la Radio nationale, M. Abdelkader Yetou, directeur général des forêts, annonçant la mise en place de nouvelles mesures afin de mieux appréhender les risques.
S’étalant sur une superficie de 4,1 millions d’hectares sans compter les formations forestières du Grand Sud qui recouvre un potentiel forestier important selon les dernières études, le domaine forestier algérien se révèle particulièrement propice aux incendies et demande une attention particulière de la part des services de protection, en l’occurrence la Direction générale des forêts (DGF) et la Protection civile. Durant l’été 2015, 14 000 incendies sur le territoire national ont été recensés dont 99% provoqués de manière intentionnelle ou non. Comme chaque année, une mobilisation de tous les moyens au niveau local et national a été mise en place pour mieux assurer la prévention des risques d’incendie. Mais cette année, elle consiste en une nouvelle approche avec de nouveaux moyens prévisionnels.
Selon M. Yetou, c’est le travail en amont qui prime en dehors de la prévention et qui doit faciliter l’intervention directe. Le volet prévisionnel s’articule autour de deux axes principaux que sont d’une part la mise en place d’études post-incendies et d’autre part des projets de création d’outils modernes de gestion des risques. Concernant les investigations post-incendies, elles se font dans le cadre de deux conventions de la DGF et des services de la Gendarmerie nationale afin de mieux cerner les causes des incendies pour une meilleure gestion à terme de ce fléau.
Les projets d’introduction de moyens de gestion modernes passent par l’élaboration d’indices de prévention de risques de feux de forêts et surtout par la réalisation de cartes de risques d’incendies. Aujourd’hui, seule une base de données précise en matière de localisation, d’infrastructures et d’équipements et des réseaux de dessertes – notons l’ouverture de 1 400 km de nouvelles pistes et la réhabilitation de 2 000 km de pistes – peut conduire à une gestion optimale des incendies, a souligné M. Yetou. Le nouveau dispositif qui connaît une phase opérationnelle dans la wilaya pilote de Tlemcen devrait se concrétiser d’ici la fin 2016 au niveau national. Concernant l’humain, la prévision doit se faire sur le terrain par le concours d’une « parfaite coordination » entre l’Administration des forêts, la Protection et civile et surtout la population riveraine qui doivent contribuer ensemble à la collecte des informations afin de faciliter leur transmission et permettre une réaction instantanée.
Au total, 21 000 intervenants sont mobilisés. Le rôle des populations riveraines résidant à proximité ou au sein des forêts est à ce titre primordial. Mot d’ordre : la vigilance surtout en cette période de changements climatiques dont les aléas recouvrent le tapis végétal d’une biomasse plus importante accentuant les risques de départ de feu. Des autorisations pour pâturer et nettoyer ces terres ont été accordées aux quelques 2 000 comités de riverains a précise M. Yetou. En termes de chiffres, pour 2016, la DGF compte mobiliser, à travers les 40 wilayas, un dispositif d’intervention composé notamment de 411 postes de vigie chargés de la surveillance et d’alerte avec un effectif de 1.025 éléments. S’y ajoutent 485 brigades mobiles avec un effectif de 2.921 éléments chargés de la première intervention avec 301 camions-citernes pour les feux de forêt légers et a recensé
2 455 points d’eau situés dans les massifs forestiers ou à proximité. Pour améliorer le système de gestion des feux de forêts, l’Algérie va bénéficier de projets de coopération technique avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Union européenne.

Relance du barrage vert : la portée économique de la forêt
M. Yetou a également souligné la nouvelle vision économique que son administration avait de la forêt en rappelant la décision du ministère de l’Agriculture de relancer les travaux de réalisation du Barrage vert, inaugurés dans les années 70 pour stopper l’avancée du désert vers le nord du pays. Le directeur des forêts a fait état de la finalisation d’un plan d’action en vue de sa réhabilitation et de son extension, une mission confiée au Bureau national d’études du développement rural (Bneder). La notion de développement économique est très importante a-t-il rappelé dans la mesure où elle permet la création d’activités économiques qui concourent en même temps à assurer la protection des forêts.
Le plan d’action vise à porter la superficie de cet ouvrage « de trois à plus de quatre millions d’hectares » et d’en faire un « rempart contre la désertification ». Il s’inscrit, ajoute-t-il, dans une logique « agro-sylvo-pastorale » prévoyant la concession de terrains sur le domaine privé de l’Etat via des autorisations d’usages à des éleveurs pour y réaliser des exploitations agricoles ou des plantations économiques « cadrant avec la vocation du milieu » dans le but de développer le milieu rural et d’améliorer les conditions de vie des populations concernées. à titre d’exemples, M. Yetou a cité le lancement de programmes de promotion de l’arboriculture fruitière, dont celle du pistachier de l’Atlas et du jujubier entre autres.
Le projet de réhabilitation du Barrage vert vise également à intégrer les nouveaux préceptes de développement durable afin de lutter contre la désertification et de s’adapter aux changements climatiques. Cette ceinture verte qu’est le barrage vert et dont la conception est essentiellement forestière vise à stopper l’avancée du désert vers le nord en créant une véritable muraille de verdure reliant les frontières algériennes ouest aux frontières est. Depuis son lancement en 1970, plus de 300.000 ha de plantations forestières, essentiellement de reboisement, ont été réalisées, 42.000 plantations pastorales, de 21.000 ha de plantations fruitières, de 14.000 km de pistes et de 1.500 unités de mobilisation de ressources en eau. En matière de reboisement, un Plan national de reboisement (PNR) a été lancé en 2000.
Anissa Benkhelifa

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