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Primaires américaines : Trump refuse de dévoiler sa déclaration d’impôts

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« Je me bats très dur pour payer le moins d’impôts possible », a avoué le dernier candidat républicain en lice pour l’investiture à la présidentielle.

C’est la question à 100 000 dollars. Combien Donald Trump gagne-t-il vraiment et combien paye-t-il d’impôts ? Rompant avec la tradition, le candidat républicain à la présidence américaine n’a visiblement pas l’intention de rendre publique sa déclaration d’impôts, et certains se demandent ce qu’il a à cacher. « Cela ne vous regarde pas », a récemment déclaré le milliardaire de l’immobilier sur la chaîne de télévision ABC, où il était interrogé sur son taux d’imposition. Avant de reconnaître, sans gêne : « Je me bats très dur pour payer le moins d’impôts possible (…), car ce pays gaspille notre argent. »
Il a ajouté qu’il n’avait pas de compte bancaire en Suisse ou ailleurs à l’étranger, et a estimé que ce n’était pas un droit pour les électeurs de voir sa feuille d’impôts. Quelques jours plus tôt, il s’était abrité derrière un contrôle fiscal en cours pour ne pas la divulguer, tout en se disant prêt à le faire quand celui-ci serait terminé : s’il tient parole, cela pourrait prendre des années.
Cette réticence n’est pas passée inaperçue, y compris dans son parti. L’ancien candidat républicain à la présidence Mitt Romney, lui-même multimillionnaire et très hostile à Donald Trump, a notamment estimé sur Facebook que ce refus « le disqualifiait ». Un contrôle fiscal n’empêche en rien de publier ce document fiscal, a souligné Mitt Romney. Selon lui, la seule explication à ce refus est « une bombe d’une taille inhabituelle ».

Et s’il ne payait pas d’impôts ?
Depuis 1976, tous les principaux candidats à la présidence américaine ont rendu public leur avis d’imposition. Selon des experts, le milliardaire de l’immobilier pourrait payer peu d’impôts, voire pas du tout, s’il a utilisé toutes les lacunes de la législation fiscale et les abattements dont peuvent bénéficier les promoteurs immobiliers. Donald Trump a mentionné cette semaine plus de 557 millions de dollars de revenus et un patrimoine net de plus de 10 milliards de dollars, dans sa déclaration financière personnelle déposée auprès de la commission électorale financière (FEC), démarche obligatoire pour les candidats.
« Sans aucun doute, un homme impliqué dans autant de transactions immobilières que Donald Trump aura profité pleinement de toutes les échappatoires et des abattements dans l’immobilier », a déclaré Jack Blum, responsable de l’ONG Tax Justice Network USA et ancien avocat de la commission antitrust au Sénat, au site MarketWatch. « Sa feuille d’impôts montrera jusqu’où il a poussé le bouchon, pour transformer un revenu ordinaire en augmentation de capital, retarder le paiement d’impôts » en utilisant certaines dispositions légales « et créer un labyrinthe impénétrable pour les contrôleurs de l’IRS », le service fédéral des impôts, a-t-il ajouté.
La seule « fenêtre » sur la façon dont Donald Trump déclare ses impôts remonte à 1981, quand il avait demandé une autorisation pour un casino dans le New Jersey, selon le Washington Post. Il avait alors affirmé que ses revenus combinés en 1978 et 1979 étaient déficitaires de 3,8 millions de dollars ce qui, selon le quotidien, lui avait permis de ne pas payer d’impôts fédéraux.

Hillary Clinton s’engouffre dans la brèche
Sa feuille d’impôts permettrait aussi de voir ce qu’il donne aux organisations caritatives, détail toujours regardé avec attention aux États-Unis. En se lançant dans la course l’an dernier, Donald Trump avait affirmé qu’il leur donnait « beaucoup d’argent ».
Cherchant à maintenir la pression, la campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton (qui a publié ses feuilles d’impôts chaque année depuis 1977) ne lâche pas Donald Trump sur le sujet. Elle a diffusé deux courtes vidéos, dont l’une consacrée aux « quatre choses que Donald pourrait cacher dans ses feuilles d’impôts » : « il ment peut-être sur sa fortune », « il ne paye peut-être pas ce qu’il doit ». « Peut-être qu’il ne fait que causer » quand il évoque des dons aux organisations caritatives. « Ou c’est peut-être quelque chose d’autre », indique la vidéo, avec à l’appui des déclarations de Mitt Romney et de très courts extraits de journaux.
La campagne d’Hillary Clinton, probable adversaire de Donald Trump à l’élection présidentielle de novembre, a aussi transmis aux journalistes une douzaine d’articles sur le sujet, certains très critiques. Mais le magnat, aussi connu pour négocier de solides réductions d’impôts pour ses constructions, semble en téflon. Au niveau national, l’écart des intentions de vote s’est récemment resserré entre lui et Hillary Clinton, qui n’a plus qu’une moyenne de 3,1 points d’avance, selon le site Real Clear Politics.

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