La conférence du groupe «Dialogue 5+5 Eau» composé de dix pays des deux rives de la Méditerranée occidentale, organisée, hier, à Alger, a abouti sur l’adoption d’une stratégie concernant le domaine des ressources en eau, commune à ces pays membres. Après 17 mois de concertations et de travaux d’expertise, cette initiative lancée par l’Algérie et l’Espagne, et annoncée officiellement en octobre 2013 à Barcelone, a été entérinée à Alger dans une rencontre qui a regroupé les représentants des deux parties.
En effet, la problématique de la rareté de l’eau a été au centre des préoccupations des pays de cette région, dans un contexte climatique caractérisé par les changements climatiques, conjugués à la question du développement durable à laquelle il conviendrait pour ces pays d’adopter des politiques plus cohérentes à cette situation, à même de permettre un accès durable à l’eau et l’assainissement pour tous, et d’assurer une gestion intégrée de cette ressource vitale, tout en adaptant cette démarche aux contextes climatiques de l’heure.
Ainsi, les efforts déployés par l’Algérie et l’Espagne pour atteindre cet objectif, n’ont pas été sans résultats probants, ayant même réussi à avoir le quitus et le soutien de leurs partenaires de l’UE (Union européenne), de l’UMA (Union du maghreb arabe) et de l’UPM (Union des pays méditerranéens). «Nous annonçons solennellement avec mon homologue d’Espagne, au nom de nos pays respectifs, l’adoption du document portant stratégie de l’eau pour les pays de la Méditerranée occidentale», a déclaré Hocine Necib, ministre des Ressources en eaux, avant de clore cette conférence, devant les représentants des dix pays membres qui sont : l’Espagne, la France, le Portugal, l’Italie, Malte d’un côté, et le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, la Lybie de l’autre.
Le ministre algérien a indiqué auparavant que cette consécration est venue après un consensus dégagé à la faveur des déclarations des représentants des pays membres et de celles des représentants de l’UE, l’UMA, l’UPM et de la FAO (Organisation des Nations unis pour l’alimentation et l’agriculture). Cette démarche régionale ne se démarque pas pour autant de la vision globale de tous les pays du monde, qui tendent à se mobiliser pour relever le défis, afin justement d’avoir un meilleur accès à l’eau aux populations, lorsque l’on sait que cette matière vitale tende à se raréfier de plus en plus, en raison du dérèglement et du réchauffement climatiques qui touchent la planète. Bien qu’auparavant, chaque pays ait adapté sa propre stratégie concernant ce domaine, l’adoption de cette démarche commune est venue pour renforcer les capacités de ces pays, à l’instar d’autres d’ailleurs qui seront appelés désormais à suivre le même partenariat consensuel, à mobiliser les ressources, mieux les gérer pour permettre une distribution équitable et raisonnable pour constituer une garantie aux futures générations.
D’ailleurs, lors de cette réunion, les représentants des pays membres, essentiellement ministres du secteur de l’eau, de l’agriculture et de l’écologie, ont exposé chacun la démarche suivie par leurs pays respectifs. Ainsi, Mme Isabel Garcia Tejerina, ministre espagnole de l’Agriculture, de l’alimentation et de l’environnement a tenu à préciser que le partenariat 5+5 Eau s’est enfin résolu à « passer du stade du discours à celui de l’opérationnel». Elle tient également à expliquer les aspects sur lesquels repose cette démarche, en se focalisant notamment sur «la nécessité de renforcer la coopération entre les pays de la région pour faire face aux défis de la pénurie», et d’insister sur l’autre impératif qui est de « construire cette coopération en tenant compte des particularités de notre région, tant en termes de développement socio-économique qu’en termes environnementaux et climatiques», a-t-elle souligné.
Il y a lieu de préciser que cette stratégie pourrait même être un modèle de partenariat pour d’autres pays du monde. Car, d’ores et déjà les deux ministres algériens et espagnols, ont révélé qu’ils organiseront lors du Forum mondial de l’eau qui se tiendra à la mi-avril prochain en Corée du Sud, un événement parallèle pour présenter la stratégie que l’on venait à adopter.
Une déclaration sanctionnant les travaux de cette conférence a été adoptée par les pays membres. «Nous invitons les spécialistes des pays partenaires afin d’accompagner et de préparer par leur travaux d’expertises la mise en œuvre de cette stratégie», a conclu Necib lors de la lecture du texte de la déclaration.
Farid Guellil
