Joe Biden s’est adressé à la foule lors des obsèques d’un policier assassiné à New York, dans un fort climat de tensions raciales. Le vice-président américain Joe Biden a rendu samedi un vibrant hommage à la police, lors des obsèques d’un policier assassiné à New York auxquelles ont assisté des dizaines de milliers d’hommes et de femmes en uniforme venus de tout le pays. Mais preuve de la tension persistante entre le maire de New York et sa police, des centaines d’officiers suivant la cérémonie à l’extérieur, ont choisi de tourner le dos lorsque le maire Bill de Blasio a pris la parole, à l’église protestante Christ Tabernacle dans le Queens. «Cet assassinat a touché l’âme de tout le pays », a déclaré le vice-président, affirmant sous les applaudissements que la police de New York était «probablement la meilleure du pays». «Je pense que cette police et cette ville incroyablement diverse montreront au pays comment surmonter les divisions», a-t-il ajouté. «Rien ne vaincra ou divisera notre famille de New York», a également déclaré le gouverneur de New York Andrew Cuomo durant la cérémonie. Très critiqué par certains policiers, Bill de Blasio a salué en Rafael Ramos, 40 ans, un «héros», un «homme de paix et d’amour», et présenté ses condoléances «à une autre famille, celle de la police de New York, qui souffre tant en ce moment».
Les policiers ont tourné le dos à Bill de Blasio
Mais au moment où il a pris la parole, des centaines de policiers à l’extérieur de l’église ont choisi de tourner le dos aux écrans géants diffusant la cérémonie. Et ses remarques n’ont suscité que des applaudissements polis, quand celles du vice-président, du gouverneur et du chef de la police Bill Bratton, ont été chaleureusement accueillies. Bill Bratton a notamment insisté sur la nécessité de réconciliation. Selon lui, des dizaines de milliers de policiers étaient venus samedi des États-Unis, et même du Canada, pour les obsèques. Certains ont parcouru des milliers de kilomètres, arrivant de Californie, de Georgie ou de l’Indiana. Rafael Ramos, marié et père de deux fils, a été tué par balle le 20 décembre, avec son collègue Wenjian Liu, 32 ans, dans leur voiture de fonction garée devant une cité HLM de Brooklyn. Les deux policiers n’ont même pas eu le temps de voir leur agresseur, un déséquilibré noir de 28 ans, Ismaaiyl Brinsley, qui s’est ensuite suicidé sur un quai de métro voisin. Brinsley avait auparavant expliqué sur Instagram vouloir venger la mort de deux Noirs tués cet été par des policiers blancs qui ont échappé à toute poursuite.
L’Amérique profondément choquée
Le double meurtre, juste avant Noël, a profondément choqué New York et ses 35 000 policiers, et exacerbé les tensions entre le maire et sa police. Certains policiers ont accusé le maire d’avoir du sang sur les mains, estimant qu’il ne les avait pas suffisamment soutenus alors que New York a été le théâtre de nombreuses manifestations dénonçant les pratiques de la police, après la mort de Mike Brown à Ferguson (Missouri) et d’Eric Garner à New York cet été. Bill de Blasio avait demandé une trêve jusqu’aux obsèques mais en vain : vendredi, un petit avion a survolé le fleuve Hudson à New York, portant une bannière affirmant «De Blasio, nous t’avons tourné le dos». Samedi, les deux policiers assassinés ont été promus inspecteur à titre posthume par Bill Bratton, et Rafael Ramos, très actif dans son église, a également été promu aumônier à titre posthume pour son commissariat.
Les obsèques du second policier tué, dont une partie de la famille doit venir de Chine, n’ont pas encore été finalisées.