C’est une rengaine à la veille de chaque saison estivale : l’accès aux plages du littoral est gratuit ! Ce qui n’est pas faux en théorie dans la mesure où c’est un droit garanti par la loi. Mais sur le terrain, cette mesure, qui tient pourtant à la force de l’État social, est contrariée. Comme tous les espaces et biens publics livrés, des années durant, à la « loi » du privé, à l’anarchie, au bradage et au gain facile, le littoral aussi a sa « propre » maffia. Celle qui a le monopole et qui exerce son diktat dans les plages. Le rivage de la grande bleue est squatté par des malfrats et des individus cupides qui règnent en maîtres avec les méthodes de voyous. Les plages tombent aussi aux mains d’opérateurs sans scrupules. Des pseudo-exploitants qui s’emparent de l’espace public dans le but unique de s’enrichir. Illicitement en dépouillant les estivants et leurs familles auxquels on fait payer tous services et loisirs confondus. Du stationnement du véhicule à la location de parasols, de tables, de chaises… À des prix souvent inaccessibles qui ne répondent à aucune norme. Les estivants sont pris à la gorge. Ces pratiques, héritées d’une douloureuse et regrettable époque, ont pris racine au mépris de la loi et de l’autorité publique. Aujourd’hui, les squatteurs des plages sévissent. Ils profitent de la moindre faille laissée par les autorités pour réoccuper le terrain. Mais le phénomène a reculé, car l’État commence à reprendre la main et le contrôle sur l’espace public. Les plages y compris, donc. Preuve, s’il en faut, il y a lieu de rappeler la mise en garde du président Abdelmadjid Tebboune lors du Conseil des ministres du 22 mai 2024. D’un, il avait enjoint le gouvernement d’appliquer la loi dans toute sa rigueur contre toute forme de courtage saisonnier dans les plages. Et de deux, il l’avait ordonné de consacrer le principe de la gratuité des plages pour les estivants. La sentence était sans appel : pas question de brader le littoral algérien et de céder aux caprices des rentiers et des squatteurs. Mais, cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité des services et des prestations. Après tout, il est aussi question, pour l’État, de mettre à profit l’activité touristique pour un secteur qui peut être un levier de croissance économique. Maintenant, mettons le curseur sur la saison estivale 2025. Qu’est-ce qu’on a fait ? Au-delà des préparatifs qui vont bon train à l’approche d’une ouverture officielle imminente, une nouvelle loi régissant l’exploitation des plages fait l’objet, ces derniers jours, d’un débat, à l’APN. Le texte dans son essence vise à trouver l’équilibre entre la gratuité et le confort. Ainsi, l’une des dispositions phares du projet, il y a celle qui prévoit, à juste titre, de préserver le principe de la gratuité. Notamment, limiter la concession de la plage à 30 % tandis que 70 % seront réservés exclusivement aux estivants. Quant aux contrevenants, la loi, en attendant son adoption et son entrée en vigueur, promet de frapper fort.
Farid Guellil