C’est un chef de la diplomatie marocaine qui ne semblait pas s’être totalement remis de son overdose de la veille. Ce vendredi matin, Nasser Bourita s’est réveillé avec l’obsession maladive de taper, encore et encore, sur l’Algérie. Devant la commission des AE de la Chambre des représentants, il accuse notre pays de pousser la région vers la guerre. Il note « des signes d’escalade provenant de l’Algérie, et une volonté apparente de passer du conflit à la confrontation directe ». M. Bourita, on est d’accord pour les signes, mais ceux de vos propres hallucinations ! Il est clair, ces propos renvoient au conflit avec le Sahara occidental.
Que le Mae marocain soit d’abord remis à sa place : l’Algérie n’est pas une partie, mais un observateur d’un dossier de décolonisation qui se trouve entre les mains de l’ONU. Pour le contexte, cette nouvelle pique du Makhzen nous cache un malaise. De quoi s’agit-il ? A vrai dire, le Makhzen s’efforce de cacher la peur qui s’est emparée de lui après l’imposant défilé militaire de l’ANP. La présence des chefs d’État de pays voisins à l’événement du 1er Novembre a exacerbé le mal du voisin. Pourtant, la doxa de notre politique étrangère s’interdit toute agression ou intervention au-delà de nos frontières. Se défendre contre l’ennemi oui, mais jamais question d’être l’instigateur.
Posons-nous la question pour savoir qui cherche ou qui a l’intention d’agresser qui ? Avant Bourita, le roi Mohammed 6 a cru bon de dire que son pays ne saurait être la source du mal. Mais, les méfaits trahissent les mots mielleux tenus dans des circonstances douteuses. Exit les modus operandi d’avant et du moment, pour ne pas tout lister et qui ont abouti à la rupture des relations. De l’agression armée de l’Algérie en octobre 1963 jusqu’à la violation armée du cessez-le-feu avec le Sahara occidental en novembre 2020, le Makhzen a confirmé sa nature belliqueuse. L’agresseur n’est donc pas l’Algérie. Qu’en est-il de la phobie qui s’est installée chez le voisin ? Commençons par le plus récent et retentissant des événements. Si la France de Macron débarque au Maroc, c’est « pour ses intérêts, car elle n’a pas d’amis » (voir le général De Gaulle) Quitte à sacrifier le droit international au Sahara occidental.
Ce retournement de position reste de conjoncture et Rabat n’est pas sans le savoir. La preuve ? Le camouflet historique reçu de la CJUE qui a déjoué le plan de pillage ouvrant la porte à l’occupation. L’autre antécédent, c’est l’alliance contre nature avec l’entité sioniste. Au détriment de l’union maghrébine qui devrait servir de ciment pour les peuples de la région. L’agresseur de la Palestine et du Liban a-t-il du temps à consacrer à un allié, qui lui sert de poste avancé pour des conquêtes géopolitiques dans le continent ? Ni la France et ni encore moins Israël ne viendront à la rescousse d’un régime honni par le peuple. Hélas, le Maroc a fait le mauvais choix lorsqu’il a tourné le dos à un Maghreb qui lui aurait servi de bouclier. Le bloc se reconstruit désormais sans lui.
Farid Guellil