Peut-on prétendre reconnaitre l’État de la Palestine dans le cadre de la solution à deux États et, au même temps, continuer à fournir des armes à l’entité sioniste coupable d’un génocide qui a broyé, depuis octobre 2023, plus de 54 000 vies palestiniennes et blessé plus de 125 000 autres ? C’est à ce jeu trouble et dangereux que s’est livré le président français, Emmanuel Macron. Puisque, d’un côté, il projette, il y a deux mois, la possibilité de reconnaitre l’État de la Palestine, à l’occasion de la conférence de l’ONU prévue du 17 au 20 juin prochain à New-York. Ce qui est, à priori, un effet d’annonce qui risque même de finir en supercherie. De l’autre, il donne son feu vert pour l’acheminement d’une cargaison de matériels militaires à Israël. Cette entité terroriste qui continue son entreprise d’extermination ethnique contre le peuple palestinien. Comment peut-on se permettre une telle duplicité ? Chez Macron, la paix et la guerre peuvent faire bon ménage. On sait que sous sa présidence, la France s’est totalement soumise au lobby sioniste. En agitant la carte de l’antisémitisme au nom de laquelle tous ceux qui respirent la Palestine et condamnent le génocide à Ghaza sont jetés en pâture. Mais, ceci n’explique pas tout. Il faut rappeler que la France ne fait pas partie des 147 États membres de l’ONU qui ont reconnu l’État palestinien. Contrairement à l’Espagne, l’Irlande et la Norvège qui l’ont fait en mai 2024. Sans calculs, ni faux-fuyants, comme posture adoptée par la France de Macron. Celle qui fait semblant de compatir à la douleur du peuple palestinien tout en s’accoquinant avec le bourreau sioniste. Le triumvirat européen a ainsi administré, à ce membre permanent du Conseil de sécurité, une véritable leçon de légalité internationale, de droiture et d’humanisme. Or, lorsqu’on est réellement convaincu de la solution à deux États, on ne peut pas jouer à ce double jeu. En parlant de réciprocité pour justifier le projet de reconnaissance de l’État de la Palestine – si tant est que la décision soit prise après-Macron est loin du compte. Et pour cause, la France avait reconnu l’État sioniste en 1949. Et dans quel contexte encore ! Notamment, une année après que les forces d’occupation avaient expulsé manu militari et poussé à l’exode massif des millions de Palestiniens, chassés de leurs terres. 76 ans plus tard, Macron vient pérorer une hypothétique reconnaissance française, alors qu’il perd sa langue lorsqu’il est appelé à nommer un génocide par son nom. Et, par-dessus tout, se rendre complice des criminels de guerre en approvisionnant leur armée d’automates qui continue, à cet instant même, à tuer froidement les Palestiniens. Que la France ait d’abord l’audace de condamner, en termes clairs, le génocide et d’appeler à l’arrêt du bain de sang à Ghaza. Après, on s’interroge si Paris serait en mesure de reconnaitre l’État palestinien ? Allez, chiche !
Farid Guellil