La généralisation de l’usage de moyens de paiement moderne, dont la carte de paiement et l’e-paiement, est à l’ordre du jour du programme du gouvernement et sa mise à exécution est, probablement, imminente.
À cet effet, d’ailleurs, un communiqué de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (Abef), diffusé lundi, a fait état de la création d’un (GIE-monétique), dont la mission consiste à réguler le secteur de la monétique, en Algérie. À l’issue des travaux de l’assemblée générale extraordinaire de l’Abef, tenue le 2 juin 2014, à la résidence d’État Djenane-el-Mithak, le GIE-économie (groupement d’intérêt économique de la monétique) a été créé et son assemblée générale constitutive à été réunie», a indiqué l’Abef dans le communiqué. Le groupement auquel ont adhéré l’ensemble des banques de la place aura pour mission, indique-t-on, de réguler le secteur de la monétique en Algérie. Le ministre des Finances, Mohamed Djellab, présent à cette réunion, qui n’a pas hésité à noter avec une grande satisfaction la création du GIE-monétique, en tant qu’organe de régulation de l’activité monétique, a appelé les acteurs du secteur à la poursuite des efforts pour une modernisation des services et produits bancaires, comme condition indispensable pour l’amélioration de l’inclusion financière de l’Algérie. Compte tenu des ambitions affichées par le gouvernement, le ministre a demandé au secteur bancaire, relève-t-on, de redoubler d’efforts et de développer de manière plus forte son accompagnement de l’investissement en Algérie, afin de permettre la réalisation dans les meilleures conditions des objectifs de croissance, fixés dans le programme du gouvernement. Les objectifs assignés à cette réforme tendent à la diversification des moyens de paiement effectivement utilisés, par le développement des moyens de paiements scripturaux, et la mise en place de circuits d’échanges efficaces et sécurisés, par la modernisation des infrastructures de traitement des paiements de masse, Ce qui suppose un fort développement de la monnaie scripturale et plus grande bancarisation de l’économie. Cette réforme des systèmes de paiement, longtemps souhaitée par tous les acteurs économiques, découlant des réformes économiques entreprises en Algérie, depuis la fin des années 80, visaient la transformation du mode de régulation de l’économie par notamment l’ouverture des secteurs marchands aux forces du marché. Réforme, faudra-t-il le rappeler, qui n’a pu se concrétiser que durant la période 2004 -2006, à la suite de l’aboutissement du projet piloté par le ministère des Finances, en concertation avec toutes les banques et organismes interbancaires concernés de la place. Cette orientation devait être accompagnée d’une mise à niveau du secteur bancaire et financier par notamment la modernisation des systèmes et infrastructures de paiement avec en complément l’adaptation de la carte AP, pour effectuer des paiements en interbancaire. Ce nécessaire effort d’appropriation de la monétique, ainsi que de tous les autres instruments de paiement moderne, est constamment impulsé par le ministère des Finances, en direction des acteurs de la monétique et également aux grands comptes, en tant que potentiel acceptant pour stimuler et généraliser le paiement par carte. D’autre part, il serait sincère de noter que la généralisation de la monétique en Algérie est un processus qui prendra beaucoup de temps. C’est du moins ce qui se dégage du vécu des Algériens. D’ailleurs, à titre de rappel, bien que le projet «système de paiement interbancaire» ait vu son lancement en 2002, ce n’est qu’en 2006 qu’il a réellement démarré, et que le déploiement de la carte Cib à l’échelle nationale et la généralisation du paiement interbancaire n’a pu avoir lieu que durant l’année 2007. D’autre part, bien que ce système soit en place depuis plus de 7 ans n’empêche que le constat fait sur son évolution, depuis son lancement à nos jours, n’est pas à vrai dire à enregistrer dans les cas de grandes réussites, si ce n’est qu’à l’occasion des retraits d’argent, notamment, les salaires quand ils ne dépassent pas les seuils indiqués. Pour le paiement des achats au niveau des commerces, le risque d’attendre longtemps pour voir le procédé généralisé est une réalité que nul ne peu nier. Déjà que le paiement par chèque n’est pas accepté par les commerçants. Même si les banques ont mis des terminaux de paiements électroniques (TPE ) à leur disposition, les commerçants refusent l’utilisation de cet outil moderne dans leurs transactions à l’exception des grands hôtels, les aéroports, certaines stations-service et quelques grandes surfaces et officines. Du coup, nombreux sont les porteurs de cartes interbancaires qui voudraient se payer un café, un repas dans un restaurant ou encore faire un achat dans un supermarché, ou une boutique quelconque, ne réaliser leur vœu du fait de la réticence des commerçants pas très confiants envers leurs clients, comme ils ne le sont pas, non plus, avec le système bancaire en place de nos jours et surtout pour éviter toute traçabilité des entrées d’argent réalisées. Interrogés, la plupart de ces commerçants, au lieu d’endosser la défaillance, préfèrent jeter la balle dans le camp du client, avançant que les Algériens, dans leur majorité, préfèrent toujours des transactions en espèces. Et ainsi donc, ces appareils qui offrent la possibilité au client de n’importe quelle banque d’honorer des frais de service en se servant de sa carte interbancaire, ne bénéficient toujours pas d’une volonté réelle d’adoption auprès des commerçants. «Un dysfonctionnement dont les banques ne sont pas à l’origine», estiment les banquiers qui affirment que leurs institutions ont mis des TPE à la disposition des commerçants qui, toutefois, refusent l’utilisation de cet outil moderne dans leurs transactions. Un outil pourtant largement répandu, partout ailleurs, dans le monde où il est devenu presqu’une nécessité. Question qui trouve sa réponse auprès de certains acteurs du domaine qui affirment que les commerçants refusent généralement l’utilisation des TPE, simplement pour échapper au fisc. Effectivement, cette option permet, comme nous l’avons signalé plus haut, une traçabilité des transactions effectuées par le commerçant qui utilise le TPE, ce qui peut représenter une gêne pour ces derniers qui, généralement, sont soumis à une taxe forfaitaire et redoutent un redressement fiscal. Ceci, sans compter les milliards que brasse le marché informel, et que rien n’oblige à adopter les moyens modernes de paiement. Conscient des problèmes que va rencontrer la mise en place de cette innovation dans la relation entre clients et commerçants et entre commerçants et banques, le ministre des Finances a rappelé, lundi, en marge de l’installation du GIE-monétique que «le gouvernement ne manquera pas d’accompagner, par des dispositions appropriées, l’action d’élargissement de l’utilisation de moyens de paiement scripturaux». Ces dispositions appropriées que prendra le gouvernement seront peut-être le seul moyen pour voir le procédé se généraliser.
Mohamed Tahar