Coup de théâtre dans le bras-de-fer qui oppose, depuis sa dernière visite dans les territoires sahraouis libérés, le Secrétaire général de l’ONU au Maroc : Ban Ki-moon s’est, à en croire les déclarations faites, avant-hier, dans une conférence de presse, par son porte-parole officiel, quelque peu rétracté par rapport aux propos qu’il avait tenus lors de la visite précitée.
Une rétraction qui n’aurait pas prêté à interrogations si elle avait été annoncée par le concerné lui-même. Nombre d’observateurs n’ont pas manqué, en effet, de s’interroger sur cette « délégation » de prérogatives qu’il aurait accordé à son porte-parole officiel pour faire de telles déclarations. Une manière de procéder qui, faut-il le préciser, n’est pas pour soigner son image de marque. Et ce, ni auprès de tous ceux à travers le monde qui ont vu dans sa qualification de la présence marocaine au Sahara occidental « d’occupation », le prélude à un dénouement prochain, dans le sens de la légalité internationale, de ce problème éminemment colonial, ni auprès des populations qui en souffrent depuis plus de quarante ans, maintenant. Ce qui a poussé ces mêmes observateurs à dire que la rétraction de Ban Ki-moon ne reflète pas ses convictions profondes sur la question mais qu’elle a été obtenue à la suite de pressions soutenues qui ont été exercées sur lui. Des pressions qui ont pris la forme d’un lâchage caractérisé par les pays occidentaux. Qui est devenu apparent après que le Conseil de sécurité eut adopté un profil bas suite à la décision du Makhzen marocain, prise dans les jours qui ont suivi les déclarations du secrétaire général de l’ONU faites à Bir Lahlou, dans les territoires libérés du Sahara occidental, d’expulser 83 membres du personnel civil de la Minurso. Un lâchage que les propos susmentionnés de son porte-parole confirment on ne peut plus magistralement. Celui-ci, en effet, non content de dire que son responsable « regrettait le malentendu provoqué par son utilisation du terme occupation », est allé jusqu’à préciser que cette utilisation n’était aucunement « délibérée » mais, fait plus grave, que celle-ci était la conséquence « d’une réaction spontanée et personnelle ». Une manière, là aussi, on ne peut plus claire, de dire que ce n’était pas là la position de l’ONU. Comme pour enfoncer davantage son responsable, le porte-parole officiel de l’actuel secrétaire général a publiquement regretté « les malentendus et les conséquences que cette expression personnelle de sollicitude a provoqués ». Bien mieux – pour le Makhzen, s’entend – il a ajouté que Ban Ki-moon n’avait, « à aucun moment, voulu offenser le Maroc ». Aussi déplorable que soit ce qui est présenté comme un volte-face du secrétaire général de l’ONU, il n’en révèle pas moins que notre « voisin de l’ouest » est un des deux enfants gâtés de l’Occident. Mais qu’à la différence de l’entité sioniste qui fait partie « des maîtres du monde », il n’est qu’un serviteur docile de leurs sombres desseins. Et, partant, que le semblant de victoire qu’il a remportée dans le bras-de-fer qui l’a opposé à Ban Ki-moon, il ne le doit pas à une force qu’il n’a pas mais plutôt au soutien intéressé de ses parrains occidentaux et arabes.
Mourad Bendris