Depuis pratiquement plusieurs semaines maintenant, il ne se passe pas une réunion du Conseil des ministres sans que la numérisation ne soit abordée. Chaque rendez-vous, sous quinzaine, entre le président de la République et les membres du Gouvernement, la question fait l’objet d’un tour de table. Tous les ministres mis à contribution sont tenus de présenter un rapport de situation. Chacun, dans le secteur qu’il dirige, doit apporter sa pierre à l’édifice. C’est-à-dire, numériser son secteur et contribuer à la dynamique du groupe. Si la performance de chacun compte, beaucoup même, la coordination est un enjeu de taille dans le système de la numérisation. Le succès ou pas du processus en dépend. Le suivi du dossier est examiné sous l’œil bien ouvert et l’oreille bien tendue du Président. Lui, qui a la pleine conscience de l’importance du défi. Du coup, une question taraude l’esprit pour savoir plus sur le pourquoi de cette fréquence soutenue dans le traitement du dossier ? Au-delà, pour le chef de l’Etat, de remettre un coup de pression à l’effet de faire bouger les lignes du projet, l’objectif vise bien plus haut. Ce n’est, donc, pas qu’une simple opération d’élimination la paperasse à l’effet de réduire les délais d’exécution du service public. En effet, la numérisation, outil pour la bonne gouvernance, est au cœur du programme du Président. Voyons de plus près l’utilité de la digitalisation de l’administration. Exit l’objectif « zéro papier » qui est économique pour le Trésor. Connaissant l’ampleur du phénomène de la bureaucratie qui gangrène les rouages de l’administration, le Président a livré une bataille sans merci pour en extirper les racines du mal. Ce sont, toutefois, des pratiques qui ont la peau dure, cumulé durant 30 à 40 ans. Les adeptes continuent à mettent les bâtons dans les roues dans cette Algérie qui avance. Malgré la difficulté, les autorités sont résolues à tordre le coup à l’ « ogre » de l’administration. Les agents de l’État qui résistent au changement sont dans le collimateur. Ces individus suspects bien introduits dans l’administration qui refusent d’obéir à la loi. Preuve de l’importance, en septembre 2023, le Président avait franchi une autre étape en instituant le Haut-Commissaire à la numérisation confié à Mme Meriem Benmouloud, avec rang de ministre pour que celle-ci puisse siéger au Conseil des ministres. Cet organe est chargé de concevoir et de mettre en œuvre la stratégie nationale de la numérisation, en concertation avec les institutions, le secteur économique et la société civile. Le Président l’avait si bien expliqué, comme phénomène lors de l’une de ses entrevues médiatiques, à l’été 2022. Il s’était interrogé en effet, comment se fait-il que des décisions sont examinées par le Gouvernement et approuvées en Conseil des ministres, sont bloquées et entravée sur le terrain. Ces pratiques, avait-il déploré « créent un climat de tensions et d’instabilité et certains osent les assimiler à l’Algérie nouvelle ». C’est ainsi que la digitalisation du service public, en tout ce qu’elle constitue comme outil pour la qualité du service public, l’amélioration du cadre de vie du citoyen, la moralisation de la vie publique et l’élimination de la corruption, est un moyen incontournable dans la débureaucratisation.
Farid Guellil