Nouveau port d’Alger : un hub portuaire pour relier trois continents

Pour désengorger Alger, les pouvoirs publics préconisent un certain nombre de mesures, parmi lesquelles figure la délocalisation du port d’Alger. Le ministère des Transports compte réaliser un nouveau port à l’ouest d’Alger pour toute la région du centre d’une capacité de 40 millions de tonnes par an, soit l’équivalent de 5 millions d’unités de conteneurs de marchandise. L’annonce a été faite par le ministre du secteur, Boudjemaa Talai. Invité, hier, au forum du quotidien El Moudjahid, Boudjemaa Talai a estimé le coût du projet entre trois et quatre milliards de dollars. À travers la réalisation d’une nouvelle infrastructure portuaire, l’Algérie vise également à devenir un pays de transit vers les continents africain, européen et asiatique. Le projet sera réalisé en trois phases a-t-il fait savoir, soulignant que son délai de réalisation est estimé à dix ans. Le projet sera implanté à 80 km à l’ouest d’Alger. Il sera un hub portuaire. Le ministre des Transports ne veut pas entendre parler de l’annulation de ce projet à cause de l’austérité. «Le projet est bénéfique économiquement pour l’Algérie et nous devons trouver des finances pour sa réalisation en dehors des finances publiques», a-t-il dit à ce sujet. Le marché du transport de marchandises de et vers l’Algérie est d’une importance capitale. Il représente quelque chose comme 5 milliards de dollars par an. Les compagnies étrangères s’accaparent la part de lion de ce marché. Boudjemaa Talai veut augmenter les capacités de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan) pour s’adjuger de nouvelles parts du marché. Le grand volume du transport de marchandises est assuré actuellement par les compagnies étrangères a-t-il indiqué. Le ministre des Transport a estimé que l’Algérie accuse du retard en matière de logistique. Pourtant, a-t-il ajouté, le problème ne se pose pas en termes de moyens, mais plutôt en termes d’organisation. Pour mieux gérer et mettre de l’ordre dans ce créneau, le ministère des Transports mise sur le savoir-faire des partenaires étrangers avec lesquels il compte créer des entreprises. À travers la création de ce type d’entreprises, Boudjemaa Talai cible non seulement l’amélioration de la gestion de la logistique mais également la grande distribution. Abordant le problème de décongestionnement de la capitale, le ministre de Transports a estimé qu’il n’y a pas de solution magique pour endiguer le problème que de développer les transports en commun. A cet effet, le département des Transports mise sur le train, le métro et le tramway. Une fois que ces trois moyens de transports seront développés, il sera question de réaliser de grands parkings automobile aux entrées Est, Ouest et Sud de la capitale pour permettre aux automobilistes d’y garer leurs voitures et utiliser ces moyens de transports. Une telle solution permettra de réduire le flux de voitures sur Alger. Interrogé sur l’éventualité d’ouvrir l’espace aérien pour l’investissement privé, le ministre a écarté d’un revers de la main cette option. «L’open Sky n’est pas à l’ordre du jour», a-t-il tranché. S’agissant de la compagnie nationale de transport aérien de voyageurs, Air Algérie, qui est toujours sous les feux de la rampe, Boudjemaa Talai a reconnu que son système de gestion souffre toujours d’un dysfonctionnement. Toutefois, il a promis de veiller à l’amélioration de l’image d’Air Algérie. Il a fait même savoir que le P-dg de cette compagnie, Mohamed Abdou Bouderbala, animera une conférence de presse dans les prochains jours pour annoncer d’importantes mesures concernant la gestion d’Air Algérie.
Hacène Nait Amara