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Nouveau coup de boutoir pour l’opposition : El-Islah se retire du Pôle du Changement

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S’il fallait un autre exemple pour illustrer l’incapacité de l’opposition à s’ériger en alternative crédible au pouvoir en place, il vient d’être donné par la surprenante – dans le sens où rien dans le comportement de ses responsables ne l’annonçait – décision du parti El Islah de se retirer du Pôle du changement, un des deux regroupements, avec la CNLTD (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique), existants de l’opposition.
Survenant presque deux mois après celui de Jil Jadid de la CNLTD, ce retrait n’est pas fait pour améliorer la cote de l’opposition auprès d’une opinion publique déjà allergique à la chose politique. Pis, il pourrait enlever les dernières illusions aux derniers citoyens qui, malgré tous les aléas de la scène politique nationale et toutes les déceptions qu’ils ressentent du fait de l’incapacité manifeste, et chronique, de la classe politique à jouer son rôle d’encadrement de la société, continuent de croire que les faiblesses de celle-ci sont à mettre sur le dos de la « jeunesse », toute relative, il faut le dire, de l’expérience du multipartisme en Algérie. Et, partant, que tout cela n’est que passager. Qui cessera avec le gain en maturité que ne manqueront d’engranger avec le temps et la pratique nos hommes politiques. En attendant, beaucoup s’interrogent sur les raisons qui ont poussé El Islah à prendre la décision précitée de se retirer du Pôle du changement ; pour rappel, un regroupement d’une dizaine de (petits) partis organisé autour de Talaï El Houriyat (Avant-garde des libertés), la formation que dirige Ali Benflis, l’ancien chef du gouvernement et secrétaire général du FLN et candidat malheureux aux élections présidentielles de 2004 et 2014. Surtout que le communiqué qui a sanctionné la réunion du bureau politique d’El Islah, tenue mercredi dernier, n’a pas été du tout explicite à ce propos. Un manque de clarté dont a également fait preuve, lors du point de presse qu’il a animé juste après la réunion en question, Fillali Ghouini, le secrétaire général en exercice de ce parti d’obédience islamiste : les deux se sont, en effet, contentés de généralités pour les expliquer. Parler, dans les deux cas, « de lecture de la situation », sans préciser s’il s’agit de celle interne à leur parti ou celle nationale, et « du bilan de (sa) participation à ce Pôle », pour expliquer un tel retrait, a été, en effet, jugé de court par nombre d’observateurs de la scène politique nationale. Sauf que cela ne les a pas empêchés d’en tirer des conclusions. D’un côté, sur la déliquescence continue des deux regroupements de l’opposition existants et, de l’autre, sur ses causes. La première transparaît nettement dans le manifeste sur-place qu’ils font depuis leurs créations respectives : mises à part les déclarations pompeuses de leurs responsables ni le Pôle du changement ni la CNLTD n’ont pris des initiatives à même d’apporter un plus à la pratique politique dans le pays. Et, dans la foulée, qui auraient pu inciter les citoyens à se départir de leur attitude réservée, et c’est le moins qu’on puisse en dire, à l’égard de la chose politique. Bien au contraire, sommes-nous tentés de dire, toutes leurs déclarations et toutes leurs actions ne sont faites ou entreprises qu’en réaction à celles faites ou initiées par le pouvoir. Ce qui est loin d’être suffisant pour obtenir l’adhésion des citoyens à leur démarche. Cette absence de cohérence dans la démarche de l’opposition, prise dans sa totalité, nombre d’observateurs de la scène politique nationale l’expliquent par un certain état d’esprit qui caractérise toute la classe politique nationale. Et même au-delà. à savoir que chaque responsable de parti, de quelque obédience politique qu’il soit, se croit le détenteur infaillible de la vérité. Et, partant, le leader tout désigné autour duquel tous les autres doivent se regrouper. Un travers dont les conséquences sont visibles à l’œil nu : depuis l’ouverture, en 1988, du champ politique national, aucune des familles idéologiques y opérant n’a pu réussir à fédérer ses forces et se réunir autour d’un minimum partagé par tous ses membres. C’est, à l’évidence, l’approche des prochaines échéances électorales qui fait remonter à la surface ce travers. D’où la possibilité, selon les mêmes observateurs susmentionnés, de la survenance, dans un avenir proche, d’autres manifestations de cette incapacité chronique de l’opposition à dégager « un minimum commun d’actions » qui pourrait l’aider à devenir cette alternative crédible (au pouvoir) qu’elle dit représenter.

Mourad Bendris

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