La délégation sportive algérienne à Rio de Janeiro fait son retour au pays. Elle a été accueillie, hier, au niveau de l’aéroport international, Houari Boumediène, par des représentants du gouvernement, des responsables du Sport national et d’un public nombreux. Malgré les deux médailles obtenues, une ambiance de frustration règne au sein du groupe.
Après les 21 jours passés dans la capitale brésilienne, nos représentants aux Olympiades-2016 rentrent au pays, avec à la clé deux médailles glanées dans deux disciplines de l’athlétisme, apanage du désormais héros national, Taoufik Makhloufi. Il a réussi en effet le grand pari, en se hissant à la deuxième place du podium dans les courses de demi-fond, le 800m et le 1500m, notamment. Ce qui lui a valu d’être décoré de l’argent à deux reprises, quatre années après sa médaille d’or aux Olympiades de Londres. D’aucuns le qualifient d’ailleurs de l’arbre qui cache la forêt, dans la mesure où les autres disciplines se sont contentées d’une participation symbolique et d’un rôle de figurant. L’autre exception qui déroge à la règle générale reste sans aucun doute le décathlonien, Larbi Bourrada, qui, malgré le fait qu’il n’a pas figuré dans le triangle victorieux du podium, a tout de même réussi un exploit honorable qu’il a arraché au bout d’un effort de haute lutte. La 5e place obtenue par le spécialiste du décathlon a fait de lui la star du Salon d’honneur de l’aéroport international d’Alger. En plus de recevoir les honneurs solennels du gouvernement, nombreux fans l’ont accueilli dans un bain de foule. D’ailleurs, il a volé la vedette à son compatriote Makhloufi, qui, lui, n’a pas été du voyage avec la délégation. En effet, le champion olympique aux Jeux de Londres en 2012, et l’actuel double médaillé d’argent, a rallié directement la capitale française depuis Rio, pour prendre part au meeting Diamond League de l’IAAF, qui se tiendra samedi prochain à Saint-Denis. S’agissant des autres disciplines sur lesquelles reposait l’espoir de ramasser des distinctions, telle que la boxe, du moins pour atteindre le nombre de 4 ou 5 médailles, promises par le COA (Comité olympique algérien), hormis le pugiliste, Mohamed Flissi, qui a atteint les quarts, la majorité de nos athlètes étaient disqualifiés au bout de la phase des poules de la compétition mondiale. Du coup, après ces résultats peu satisfaisants des athlètes algériens, dont le bilan est des plus mitigés, le débat de la participation algérienne à Rio-2016 ne cesse d’enfler, tant et si bien que certains athlètes ont poussé un coup de gueule. Comme c’était le cas des déclarations tenues par Makhloufi et Bourrada, eux-mêmes, et lesquels pointent du doigt en accusant sans les nommer des responsables au sein de l’instance de l’athlétisme. Ainsi, ils parlaient de mauvaises préparations des sportifs avant le rendez-vous de Rio, de sabotage…En tout cas, les sportifs plaignants ont promis de faire des révélations fracassantes. En attendant, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould-Ali, qui a reçu en son nom et au nom du gouvernement la délégation de Rio, a indiqué qu’une réunion d’évaluation de la participation sera organisée incessamment.
Cette rencontre devra être suivie d’une conférence de presse, que tiendra le président du COA, Mustapha Berraf, lundi prochain, comme l’a révélé ce responsable. Pour le ministre qui a félicité les représentants sportifs nationaux qui ont «fourni beaucoup d’efforts», son département est satisfait des résultats obtenus. C’est du moins comme ça qu’il a réagi en marge de la cérémonie organisée en l’honneur de nos compatriotes. Cependant, le membre du gouvernement n’a pas caché sa déception, en laissant entendre qu’il aurait été souhaitable d’obtenir plus de deux médailles.
«L’Algérie aurait pu décrocher un nombre plus important de médailles», a déclaré Ould Ali, en citant l’exemple de la discipline de boxe qui recèle des potentialités nationales. Selon le même responsable, le mauvais arbitrage a été pour beaucoup dans la disqualification des pugilistes algériens.
Le responsable technique national de boxe estime que cette déroute n’est pas imputable aux athlètes, «qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes». Contrairement au ministre, et aussi paradoxal que cela puisse paraitre, ce responsable justifie les mauvais résultats obtenus par ses boxeurs, par le tirage au sort qui n’était pas «favorable» selon lui à l’Algérie. Après l’unique médaille d’or arrachée aux Jeux de Londres en 2012, l’Algérie n’a pas fait mieux, quatre ans plus tard à Rio. Ceci, sachant que jusque là, que le seul athlète qui s’est distingué c’est Makhloufi, qui sort du lot par rapport à l’ensemble des participants.
Farid Guellil