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Nord-est du Kenya : nouvelle terre du jihad pour les Shebab

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Malgré plusieurs milliers de soldats stationnés dans le sud de la Somalie, l’armée kényane semble impuissante à empêcher les infiltrations des islamistes somaliens shebab sur son propre territoire, où ils trouvent un terreau fertile et un nouveau vivier de combattants, s’alarment des responsables de la sécurité occidentaux. «Le théâtre somalien n’intéresse plus les shebab», explique à l’AFP une source sécuritaire occidentale: «ils y ont été défaits. Ils sont en perte de vitesse et les rares opérations qu’ils font en Somalie n’attirent pas l’attention des médias». «C’est tout le contraire au Kenya, où ils ont trouvé une nouvelle terre pour leur jihad, une nouvelle source de recrues», met en garde cette source. C’était déjà vrai sur la côte de l’océan Indien, dans la région touristique et majoritairement musulmane de Mombasa.
C’est maintenant le cas dans le Nord-Est frontalier de la Somalie, où les populations sont majoritairement d’ethnie somali. La résurgence d’attaques et l’émergence de cellules shebab kényanes devient le principal problème de sécurité du Kenya. Et un coup dur sur le plan stratégique pour le pays qui a déployé des troupes dans le sud de la Somalie en 2011, afin d’y combattre la milice islamiste et protéger sa longue frontière perméable avec la Somalie en guerre. Malgré ce contingent, les shebab ont mené ces dernières semaines une série de raids non plus sur la frontière, mais en profondeur en territoire kényan. Ce nouveau phénomène intervient près de deux mois après l’attaque de l’université de Garissa, dans cette région du Nord-Est, à une demi-journée en voiture de Nairobi, par un petit groupe d’hommes armés qui avaient massacré 148 personnes, dont 142 étudiants.

Occuper le terrain
Particularité des derniers raids shebab: ils se sont déroulés sans violence contre les habitants, ce qui démontre la volonté des miliciens islamistes d’occuper le terrain laissé vide par l’appareil de sécurité kényan et de s’y attirer la sympathie des populations locales.
Le mois dernier, des shebab ont fait ainsi une incursion dans un village de la région, où ils ont pris de force la parole devant les fidèles, y tenant un sermon rigoriste à un public attentif. Cette semaine, des islamistes présumés ont mené une opération similaire dans un village de la région voisine de Mandera, obligeant les écoles à fermer et certains habitants à s’enfuir, a rapporté le quotidien kényan The Nation.
Le journal indique que les militants ont aussi discuté avec les villageois et leur ont même acheté des chèvres. «C’est la même stratégie que celle employée par AQMI» (Al-Qaïda au Maghreb islamique), commente un autre responsable sécuritaire.
Il est urgent que le gouvernement kényan reprenne le contrôle de sa région frontalière, souligne cette source, remarquant que de nombreux postes de frontières restent sans surveillance.

Reconquérir les cœurs
Des signes montrent que les autorités kényanes prennent en compte cette nouvelle stratégie des shebab. Le gouvernement envisagerait notamment un prochain retrait de Somalie du contingent kényan – environ 3.500 hommes.
Cité mardi par la radio Capital FM, le président du Comité des affaires étrangères et de la sécurité nationale du Sénat kényan, Yusuf Hajji, a indiqué qu’une stratégie de retrait n’était plus taboue. «Le but est d’élaborer un livre blanc qui apporte une stratégie permettant de combattre l’insécurité au Kenya», a-t-il déclaré, ajoutant que le plan inclurait des mesures pour «déradicaliser les jeunes» dans les régions pauvres frontalières à majorité musulmane. Même s’il peut redéployer ses troupes dans la région frontalière, le Kenya doit également s’atteler à reconquérir les cœurs des populations locales.
La police kényane a annoncé en début de semaine avoir lancé une enquête, après que des photos eurent été postées sur les réseaux sociaux – supposément par un responsable de la police – montrant des officiers fouettant de jeunes Somaliens avec un tuyau en caoutchouc dans la région de Garissa.
Le député local Abdikadir Ore a confié que de tels incidents étaient fréquents, et que le combat du Kenya contre l’extrémisme ne «pouvait pas être gagné» sans un changement de conduite de ses forces de sécurité.

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