L’Algérie a accueilli cette semaine deux événements qui relèvent d’une question inscrite dans l’ADN de sa politique étrangère. A savoir, le principe qui consacre un soutien en faveur de la décolonisation et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le premier événement concerne l’université d’été des cadres de la RASD et du Polisario. Le deuxième a trait à une conférence dédiée à la mémoire de Nelson Mandela, organisée par nos confrères d’El-Moudjahid. C’est un fait qui consacre une tradition algérienne de longue date. Pas sous d’autres cieux ! Le moment a causé des soucis au voisin de l’ouest. Ses médias ont sauté sur l’occasion pour tirer à bouler rouge sur l’Algérie. Le Makhzen veut encore une fois nous impliquer dans le conflit sahraoui alors que nous ne sommes pas partie. Et que, faut-il tirer les choses au clair, le Sahara occidental occupé est une question de décolonisation sur l’agenda de l’ONU et de l’UA. Voici quelques vérités qui peuvent remettre le Makhzen et ses relais à leur place. Au demeurant, si le peuple sahraoui continue sa lutte contre la force d’occupation marocaine, le pays de Madiba, lui, s’est affranchi du régime de l’apartheid- synonyme de l’abolition du racisme anti-noir qui a suivi la libération de Mandela de la prison– à partir de 1990. Naturellement, l’Algérie qui s’est libérée de la colonisation au prix du sang versé par ses enfants en connait un bout. Assez souffert de l’oppression française pour éprouver de l’empathie envers les peuples opprimés, et suffisamment aguerrie par la Révolution pour pouvoir montrer le chemin à ceux qui en ont besoin. Ce soutien aux causes justes coule de source. A partir de 1962, l’Algérie a ouvert grand les portes à tous les mouvements qui combattent pour se libérer des forces d’occupation. Les leaders contre l’impérialisme américain qu’étaient Fidel Castro, Che Guevara jusqu’à Mandela- cette icône de la lutte antiapartheid célébrée le 18 juillet de chaque année à travers le monde- en passant par les Black Panthers -révolutionnaires afro-américains- représentés par Angela Davis et Leroy Eldridge Cleaver…tous ont foulé la terre algérienne durant la période 1960/1970. « Le deuxième pays » de Mandela était une véritable base arrière pour les mouvements de libération dans le monde. C’est ce qui lui a valu le qualificatif de « Mecque des révolutionnaires », dont Amilcar Cabral, la figure de proue derrière l’indépendance de la Guinnée-Bissau et des îles du Cap Vert était l’auteur. C’est à partir d’Alger, lors d’une conférence tenue en 1968, que cet anti-impérialiste et panafricaniste de premier plan a prononcé la célèbre phrase : « Les musulmans vont en pèlerinage à La Mecque, les chrétiens au Vatican, et les mouvements de libération nationale à Alger. » L’Algérie a aussi accueilli les mouvements de libération et de la résistance palestiniens. Ces « frères » auxquels le Makhzen, leur préférant le bourreau sioniste, a tourné le dos dans les pires moments qu’ils ont eu à traverser. Au lieu d’aller dans le sens de l’histoire, le Makhzen continue à brasser du vent en entretenant, à ses dépens, son obsession maladive de s’en prendre à toute action en faveur des peuples opprimés.
Farid Guellil