La présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, a de nouveau apporté son soutien à la mobilisation citoyenne en marche, depuis près de deux mois. Mais l’avocate a exprimé ses craintes sur ce qu’elle appelle des intentions, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays de mener une «contre-révolution».
Les actes de violence qui ont marqué dernièrement les marches de vendredi et les manifestations de la semaine qui s’en ont suivi, où des blessés ont été recensés dans les rangs des manifestants et des policiers, ne sont pas innocents, selon Assoul. « Le peuple est sorti pour réclamer sa liberté, ses droits et le départ du pouvoir actuel. On se réjouissait tous de l’attitude des services de sécurité qui accompagnaient pacifiquement les manifestations en respectant la loi constitutionnelle (…). Malheureusement, par la suite, certaines déclarations de partis politiques, affiliés au pouvoir, ont prédit l’essoufflement du mouvement populaire», a indiqué la patronne de l’UCP, dans un entretien au site d’information Algérie Patriotique. «Cela veut dire que ces gens-là ne sont pas contents. Et j’imagine qu’ils feront tout, par des manœuvres illégales, pour détourner, casser, faire même une contre-révolution. Nous avons vu quelques tentatives. Des gens venus casser, jeter des pierres sur les forces de l’ordre», a-t-elle poursuivi. Se disant ignorer l’identité de ces personnes, Assoul a pointé du doigt «tous ceux qui ont des choses à se reprocher, qui ont une responsabilité manifeste dans la situation actuelle» et aussi ceux qui « étaient dans le déni et n’ont écouté personne, ni l’opposition ni le peuple.»
Assoul dénonce aussi des «parties étrangères», affirmant que «les masques sont tombés», après que «le chef d’Etat-major y a fait allusion dans ses discours, en disant qu’il y a des parties jalouses qui ne veulent pas que la révolution pacifique des Algériens réussisse à changer le système sans désordre ni effusion de sang.» En première position, se trouve la France, selon Assoul, où «il y a des parties dans la France officielle qui ne sont pas contentes, qui ont de tout temps soutenu ce système car il défend leurs intérêts.»
«Il y a également des pays dictatoriaux qui seraient dans l’embarras de voir l’Algérie réussir sa révolution pacifique, faire tomber ce système et aller vers une véritable démocratie où le peuple choisirait ses dirigeants par la voie des urnes», a-t-elle appuyé, citant exemple des déclarations du président égyptien, qui «nous conseillait de ne pas faire de révolution au risque de subir ce qu’ont subi la Syrie et la Libye.»
Elle appelle ainsi «tous les Algériens à être très vigilants afin de contrer toute tentative de casser l’élan populaire ou de contre-révolution, pour que la “révolution du sourire” fasse son chemin jusqu’à satisfaction des revendications du peuple.»
«Le pouvoir doit comprendre que le peuple ne veut plus de lui»
Sur l’issue de cette crise, Assoul donne son avis : « Le peuple est pacifique dans ses revendications politiques claires et le fait savoir de manière très claire également. Ce qui reste à ce pouvoir, c’est d’écouter le peuple.»« Il faut qu’il[le pouvoir] comprenne que ce peuple ne veut plus de lui pour qu’on puisse aller vers une légitimité populaire, vers un président élu par les Algériens et non pas par des cercles, qu’on aille aussi vers la construction d’un État de droit et de liberté, mais surtout vers un État de développement parce que la nouvelle génération attend beaucoup et nous n’avons pas le droit de la décevoir », a-t-elle ajouté. « Mais dans la situation actuelle, nous attendons de la part du chef d’état-major, puisqu’il l’a déjà déclaré, que l’Armée se mette du côté du peuple, sur la base des articles 7 et 8 de la Constitution, a souligné Assoul.
Et, à ce titre, il faut que ces gens au pouvoir partent pour qu’ensuite, le chef de l’armée puisse entamer des pourparlers avec la classe politique et les représentants du peuple pour aller dans une direction acceptée et cautionnée par le peuple pour aboutir à des assises nationales qui permettront à toutes les composantes du peuple de s’exprimer à travers leurs représentants.» Sur sa perception des personnalités qui devraient mener la période de transition, la chef de l’UCP dit préférer plutôt parler de critères, dont elle énumère comme mesures sine qua non : être loin des responsabilités (au sein de l’État) ces dernières années, la compétence et le patriotisme. Quant au rejet des partis politiques par les manifestants dans les marches de vendredis, Assoul estime que «le peuple ne rejette pas l’opposition parce qu’elle n’a aucune responsabilité dans la gestion du pays. Elle n’était pas au pouvoir pour être responsable de ce qui arrive à l’Algérie», accusant «ceux qui veulent la continuité de ce système» de verser dans «l’amalgame» en véhiculant de telles prétentions.
Hamid Mecheri