Le mouvement dans le corps des walis et walis délégués opéré par le président Abdelmadjid Tebboune, comporte, les observateurs l’ont noté, des particularités qui indiquent une démarche nouvelle en la matière.
Le communiqué de la présidence de la République qui donne l’information, a cité, et ce n’est sans doute pas fortuit, « en premier lieu », la liste des 11 walis (et deux walis délégués) auxquels il a été mis fin à leurs fonctions, sans en donner les raisons. On peut les trouver à la lumière de l’allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la rencontre Gouvernement-walis, tenue au début de cette année, au Palais des nations, sous le thème « Développement local : évaluation et perspectives ». Le président Tebboune avait appelé les walis à « se libérer de l’hésitation et à faire preuve d’esprit d’initiative et d’audace». Il avait souligné que « cette étape est celle des défis stratégiques de la sécurité énergétique, alimentaire et hydrique ». Il avait rappelé avoir pris « toutes les mesures pour protéger et soutenir les walis ». Le président Tebboune avait insisté sur « la nouvelle gouvernance à travers la diversification des sources de financement et l’amélioration des méthodes de gestion ». Enfin, « les méthodes de gestion n’étant pas figées, les walis n’ont pas à attendre les instructions centrales ». Aux défis de la sécurité énergétique, alimentaire et hydrique, s’ajoute celui de la création de micro, petites, moyennes et grandes unités économiques, contribuant au développement économique et social, local, et au recul du chômage. C’est sans doute sur ces « fronts » que les walis démis ont failli. Avec une telle démarche basée sur l’obligation de résultats et le contrôle sans complaisance, un wali, même nommé sur recommandation et solidement « épaulé » ne peut pas échapper à la sanction. Les services centraux des ministères travaillent sur les projets locaux en étroite coordination avec les walis. Leurs rapports périodiques sur l’état d’avancement des projets ne sont pas rédigés pour finir au fond d’un tiroir ou pour régler des comptes, comme cela est déjà arrivé, mais pour être lus attentivement et suivis par les décisions appropriées concernant les éventuelles difficultés susceptibles de survenir et pour les résoudre dans les plus brefs délais. Le nombre de walis « remerciés » à l’occasion du dernier remaniement dans ce corps, laisse penser que les rapports sont lus attentivement et sont suivis d’effets. Les citoyens des wilayas concernées et les cadres locaux et observateurs qui connaissent bien la situation ont certainement parfaitement compris la signification de ce remaniement. On sait aussi que les populations locales n’hésitent pas à faire connaître leur mécontentement quand leurs problèmes tardent à trouver une solution et, pire, si les autorités locales, le wali, en premier lieu, marquent leur mépris en évitant de consulter et de dialoguer avec les citoyens. Notons que parmi les walis « remerciés », figure celui de la wilaya de Boumerdès que le président Tebboune a visitée le 5 juillet dernier, à l’occasion de la célébration du 61e anniversaire de la fête de l’indépendance et de la jeunesse, et où il a procédé à la pose de la première pierre du projet de réalisation de la station de dessalement d’eau de mer de Cap Djinet, d’une capacité de 300.000 m3/j. Autre wali « remercié » parmi les onze, celui de la wilaya d’El-Tarf où se situe également un des cinq projets de stations de dessalement d’eau de mer dont la réalisation (à fin décembre 2024) figure dans un programme spécial initié par le président Tebboune. Ces deux wilayas, Boumerdès (où c’est une femme qui a été nommée) et El-Tarf, ont, depuis mercredi, des walis nouvellement promus à cette fonction. Il est attendu qu’ils mettent en œuvre de nouveaux mécanismes et de nouvelles méthodes de gestion des projets pour plus d’efficacité.
M’hamed Rebah