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MONTAGE AUTOMOBILE ET IMPORTATION DE VÉHICULES : Ferhat Aït Ali se trompe-t-il de chemin ?

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Depuis l’arrêt des usines de montage automobile à cause des affaires de corruption, et l’interdiction de l’importation des véhicules par les concessionnaires, le marché national de la filière a connu une pénurie en la matière. Ce qui a engendré une flambée des prix, et le citoyen ne peut se permettre le luxe d’acheter un véhicule pour peu encore qu’il soit disponible.

Du coup, et afin de combler le vide en matière d’activité et de disponibilité que traverse notre pays dans ce domaine, le gouvernement a annoncé le retour à l’importation des véhicules d’occasion par les concessionnaires, et à l’activité de construction, si non de montage automobiles. D’ailleurs, le Parlement national avec ses deux chambres, APN et Conseil de la nation, avait adopté, novembre 2019, la loi relative à l’importation des véhicules utilisés de moins de 3 ans, comme disposition incorporée dans la Loi de finances complémentaire de 2020. Sauf que, le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali Braham, a gelé l’application du texte. Dans ce sens , le premier responsable de ce secteur avait présidé mardi l’installation d’un comité technique chargé d’étudier et de suivre les dossiers relatifs à l’exercice de l’activité de construction automobile et d’un comité ministériel conjoint chargé de suivre les dossiers relatifs à l’exercice de l’activité de concessionnaire de véhicules neufs.
Selon un communiqué du département d’Aït Ali Braham, le comité technique est chargé d’étudier et de suivre les dossiers relatifs à l’exercice, à l’organisation et au fonctionnement de l’activité de construction automobile et le comité ministériel conjoint est chargé d’étudier et de suivre les dossiers relatifs à l’exercice, à l’organisation et au fonctionnement de l’activité de concessionnaire de véhicules neufs. À cette occasion, le ministre a insisté sur « la nécessité d’étudier attentivement les dossiers des concessionnaires sans discrimination aucune, tout en respectant les délais légalement impartis ». Rappelant, tout de même, « l’obligation de communiquer avec les concessionnaires via la plateforme numérique lancée par le ministère à cet effet et non pas directement comme cela se faisait auparavant ».

Les concessionnaires remontés contre le ministre
Interrogé hier par nos soins sur l’objectif de la création de ces deux comités et la possibilité de dégager des noms d’opérateurs pour exercer dans ce domaine, le président de l’Association des concessionnaires, Youcef Nebbache, a critiqué fort la gestion du dossier au niveau du département dirigé par Aït Ali Braham, la qualifiant de « catastrophique » et de « mauvaise ». Lorsqu’encore, accuse notre interlocuteur, cette gestion du dossier automobile « ne diffère en rien » de celle d’Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie (Condamné par contumace à 20 ans de prison pour affaire de corruption). Concernant les deux comités qui viennent d’être installés, il dira qu’Aït Ali Braham « ne fait que compliquer » ce domaine. Et pour cause, « ce genre de comité n’ont pas lieu d’être, il y a des lois qui existaient avant. Pourquoi alors le ministre cherche-t-il à compliquer cette activité ? », s’est interrogé Youcef Nebbache, ajoutant « nous rencontrons beaucoup d’obstacles et des problèmes qui découragent l’investissement dans l’automobile ». Il en veut pour preuve, l’exemple de délivrance des agréments et des autorisations appelant à changer la gestion et les mentalités. « Je cite à ce titre une loi qui oblige tout importateur à être propriétaire des lieux. C’est-à-dire vous devez avoir 6400 m2 qui compose la structure ou vous pouvez activer pour obtenir une autorisation ou un agrément. C’est le comble ! C’est une humiliation pour l’Algérie », dénonce-t-il.
Dans le même cadre, notre interlocuteur a précisé que la création de ces comités n’est que de « la poudre aux yeux », et qu’elle va par la suite créer de la corruption et du favoritisme. Par ailleurs, et conséquemment à ce qu’il qualifie d’ « échec », Nebbache invite l’actuel ministre de l’Industrie à « quitter  le Gouvernement  en urgence ». Car, non seulement, il « a bloqué » des lois approuvées par le Parlement et parues dans le Journal officiel, mais également « il travaille de façon unilatérale sans consulter les partenaires de ce secteur. »
Pour rappel, lors d’une séance plénière à l’APN organisée le 5 novembre le ministre de l’Industrie a déclaré que le cahier de charges concernant ce domaine convenait à tous et « n’est pas conçu sur mesure pour une catégorie particulière ». Concernant l’importation de véhicules d’occasion de moins de 3 ans, il a affirmé que « les textes réglementaires de l’article 110 contenus dans la loi de finances complémentaire 2020 étaient gelés ». Pour justifier ce gel, le ministre a expliqué que « ces dispositions portaient dans le premier alinéa sur les voitures neuves inutilisées, qui sont autorisées à l’importation. Le deuxième alinéa stipulait qu’il appartenait aux citoyens de se procurer des devises pour importer leurs véhicules, ce qui n’est pas acceptable dans tous les pays du monde et qui ouvre la voie au blanchiment d’argent ».
Sarah Oubraham

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