Le patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a qualifié d’«historique» et de «positive», son entrevue avec le directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, tenue jeudi dernier. Affirmant, par ailleurs, dans la soirée de samedi à dimanche, qu’«une vingtaine d’acteurs de l’opposition sont en faveur de discuter avec le pouvoir», dans un entretien qu’il a accordé à la chaîne TV Echourouk. Dans ses réponses, lors de cet entretien, il ressort de prime abord que le pas franchi, à travers le tête-à-tête, entre le successeur de Soltani à la direction du MSP et le directeur de cabinet de la Présidence, l’actuel patron du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, l’entame d’une nouvelle étape de la dynamique politique, dans les rapports entre l’opposition et les soutiens politiques du chef de l’État. L’interview qu’il a accordée à la chaîneTV précitée, a été enregistrée vendredi passé, soit le lendemain de sa rencontre avec Ahmed Ouyahia, quelques heures avant que Mokri ne prenne part, dans la soirée de jeudi dernier, au conclave de l’Instance de suivi et de la Coordination de l’opposition (Isco). Mokri a tenu à expliquer sa démarche, tout au long de cette interview, en rappelant, d’emblée, que, des mois auparavant, son parti à annoncer qu’il allait se lancer dans des rencontres avec l’ensemble des acteurs politiques. Et c’est dans ce cadre-là, a-t-il expliqué, que s’inscrit son déplacement à la Présidence, jeudi dernier, coïncidant avec les inquiétudes suscitées par les évènements tragiques et douloureux survenus à Ghardaïa la veille (mardi, mercredi derniers, ndlr). Pour le patron du MSP, il n’y a «pas de contradiction» entre la démarche de son parti, en prenant langue avec la Présidence et celle promue au sein de l’opposition, la CNLTD, en l’occurrence. S’agissant de sa rencontre avec le directeur de cabinet de la Présidence, celle-ci a été dictée, selon le patron du MSP, par «le programme politique propre au MSP, qui est indépendant de ceux des autres partis, dont ceux composant l’opposition», a-t-il précisé avant d’ajouter qui «eux ont aussi leur propre programme», note-t-il. Et plus loin de souligner que les acteurs politiques de la CNLTD «sont tenus» par les engagements pris au sein de cette Coordination, et sur lesquels «nous sommes tous comptables sur ce qu’il a été convenu et retenu» dans le cadre de l’opposition. Et, pour être encore plus explicite, en ce sens, il ajoutera, que dans ce cadre-là, «n’y a aucune décision ou point qui fait état de ne pas prendre langue avec la Présidence», et de rappeler, pour étayer sa déclaration, une rencontre qui a réuni un autre acteur de l’opposition avec le responsable de l’Exécutif. Il citera, à ce propos, la réunion qu’a eu lieu entre le numéro deux du parti de Djaballah, Front de la justice et du développement, Lakhdar Benkhellaf, avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Sur sa remise de la plateforme de Mazafran, à Ahmed Ouyahia, l’interviewé dira : «Ainsi le pouvoir n’aura pas à prétexter qu’il n’a pas reçu le document de l’opposition» dans lequel, a-t-il rappelé, sont inscrites les propositions de l’opposition, pour le règlement de la crise actuelle du pays, dont l’appel à des élections anticipées et la constitution d’une commission indépendante pour l’organisation des scrutins, a-t-il cité. Pour celui qui a qualifié sa rencontre et sa discussion avec Ahmed Ouyahia «d’historique» et de «positive» a exprimé son espoir de voir l’ensemble des acteurs politiques de la scène nationale allait autour d’une table de dialogue pour dégager «un consensus». Exprimant par ailleurs son «espoir de voir les propositions de l’opposition acceptées par le pouvoir», Mokri a fait savoir, que «l’écoute» et «l’attention» ont marqué ses échanges avec Ahmed Ouyahia, avec lequel il a abordé les questions brûlantes, marquant la scène nationale. Citant, précisément, la situation et les évènements de Ghardaïa, la baisse du prix du pétrole conduisant à la réduction du budget de l’État, ayant pour risque de voir l’émergence de tensions socio-économiques. Aussi, les deux hommes ont discuté de «l’impasse politique» dans laquelle se trouve le pays, à propos de laquelle, Mokri a fait savoir à Ouyahia qu’«aucun parti n’est en mesure, à lui seul, d’apporter les réponses appropriées» avant d’ajouter, et «encore moins, à lui seul, de réussir à la dépasser», a-t-il souligné.
Karima Bennour