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Mohamed Laïchoubi, ex-ambassadeur et ministre : «le terrorisme est utilisé comme moyen de domination»

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Mohamed Laïchoubi, toujours fidèle à son ton fort diplomatique, est revenu, hier, lors de son passage sur les ondes de la radio Chaîne 3, dans l’émission de l’invité de la rédaction sur l’épineuse problématique du terrorisme à travers le monde. Affirmant que la question du terrorisme s’intègre dans les compétitions entre les deux puissances mondiales, l’hôte de la Radio algérienne a assuré que “nous assistons aujourd’hui à l’instrumentalisation du terrorisme à des fins de domination géopolitique. Ainsi, l’ancien ministre et diplomate a affirmé qu’«incontestablement le terrorisme est en train de s’intégrer dans les compétitions internationales». Étant plus explicite, il dira que «si l’on ne comprend pas ce que sont les compétitions derrières, on ne comprendra pas c’est quoi le terrorisme». Ainsi, pour lui, «il y une carte de pression utilisée par les grandes puissances». «On a vu lors des bombardements russes en Syrie comment des pays occidentaux appelaient à épargner certains groupes qualifiés d’opposition syrienne», a-t-il averti. Chaque partie, martèlera-t-il, possède «son terroriste». S’agissant des enjeux économiques qui se cachent derrière la propagation du terrorisme, il dira qu’«il y a ce que l’on appelle l’effet ciseaux». À cet effet, il a expliqué qu «il y a des fractures internes dans ces pays. Les grandes puissances mettent à profit la présence ces fractures internes dans ces pays, perçus comme des zones géostratégiques majeures ou bien dotés de matières premières, pour s’ingérer dans leurs affaires internes». Pour étayer ses propos, il cite l’exemple de la Syrie où des pays impliqués prennent fait et cause pour certains groupes rebelles, alors qu’ils tentent d’en réduire d’autres. «Nous avons par exemple, explique-t-il, le groupe An-Nosra que l’on distingue de celui de Daech, auquel la Turquie apporte son soutien, «ce qui démontre, poursuit-il, que la carte terroriste est en train de s’insérer dans les rapports de force entre certains pays comme la Russie et les États-Unis, en particulier. Par ailleurs, il n’hésite pas à évoquer des rivalités entre les grands pays qui cherchent, chacun de son côté, à instrumentaliser ces forces à son bénéfice.
«C’est ce qui fait qu’il y ait des terrorismes extrêmement complexes». Afin d’illustrer sa démonstration, l’intervenant cite la région du Proche et du Moyen-Orient, maintenue en constante instabilité, parce que recelant à elle seule «plus de 58% des réserves mondiales de brut».
Dans le même sillage, il dira que la maîtrise de la Méditerranée devient un «enjeu fondamental». En effet, celle-ci représente à elle seule 35% du commerce mondial et 40% du transport des hydrocarbures. Il y a donc des manœuvres pour redéfinir la configuration des relations internationales, comme celle opposant la Chine aux pays occidentaux, en raison de sa présence de plus en plus forte et remarquable sur le continent africain. Étant plus explicite, il signalera que les crises sécuritaires qui visent l’éclatement des États sont des signes de cette guerre géopolitique entre les grandes puissances et des pays émergents comme la Chine. Faisant, notamment, mention des alliances qui se créent entre des pays émergents, en Asie, en Afrique et en Amérique latine (l’exemple des BRICS), l’invité les perçoit comme une «contestation» vis-a-vis de l’ordre mondial tel qu’il a été dessiné au cours des 60 dernières années, amenant, aujourd’hui, à une «immense partie d’échecs» entre les nations. Cette situation, ajoute-t-il, tend à redéfinir une nouvelle configuration des relations internationales, comme celle opposant la Chine aux pays occidentaux, en raison de sa présence de plus en plus marquée sur le continent africain et «une démarche de partenariat gagnant-gagnant». L’intervenant considère que si les rapports de force détenus, jusqu’alors, par le monde occidental, États-Unis en tête, sont en train de changer, c’est parce que, estime-t-il, celui-ci n’a plus le monopole de la puissance nucléaire, de celui de la maîtrise technologique et, de plus, «est de plus en plus contesté dans le secteur financier». «Il y a une redistribution des cartes», a-t-il soutenu.
D’autre part, s’étalant sur le cas de l’Algérie, le diplomate a affirmé que dans la mesure où ces terroristes visaient le pouvoir, ils n’iraient pas casser les écoles, détruire des infrastructures sociales. «J’allais dire que si l’on était entré en guerre contre un autre pays, on aurait subi peut-être un peu moins de dégâts», souligne l’hôte de la radio Chaîne 3 pour lequel le terrorisme notamment intégriste est «douteux». «Souvenez-vous que les Frères musulmans à l’époque de Hassan El-Benna et son gendre Saïd Ramadane étaient financés en 1926 déjà par une compagnie britannique. Ils ont été reçus à l’époque par le président américain Eisenhower. Ils ont été utilisés contre Nasser en Égypte», a-t-il argumenté, affirmant qu’il avait eu ces informations des services spéciaux allemands et pakistanais. Ce mouvement, selon lui, avait été utilisé contre les nationalistes.
Lamia Boufassa

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