Mohamed Aissa, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, était hier mardi, l’invité de la Chaîne 3, et en toute sérénité, il a répondu aux interrogations des Algériens. «Il n’y a pas de doute sur la nuit du doute », a-t-il répondu calmement à l’interpellation d’un auditeur. «En vérité il n’y a pas de doute dans la nuit du doute. C’est une tradition appelée ainsi à partir de l’avènement de l’Islam», a en effet rétorqué le ministre. «Actuellement nous sommes en mesure de contrôler et de savoir à la seconde près quand est-ce que naîtra le croissant lunaire de Ramadhan. Seulement, la tradition le veut ainsi. C’est l’engouement sociétal. Ce sont les familles, les pères de famille, qui sortent pour guetter le croissant lunaire. C’est l’ambiance de Ramadhan et je ne veux pas arriver à une numérisation du jeûne et à une numérisation de la prière. Restons dans l’authenticité prophéticale mais en vivant notre époque, notre contemporain scientifique», a-t-il enchaîné. Justement et sur la question de la fixation du commencement du mois de carême, le ministre a défendu bec et ongles la démarche, sacro-sainte, de l’observation du croissant lunaire, en dépit des moyens technologiques en cours. «La pratique prophéticale nous invite à guetter la naissance du croissant lunaire. Nous le guettons physiquement par l’œil nu mais parfois par des télescopes, c’est autorisé juridiquement, c’est autorisé dans la religion de l’Islam», a-t-il insisté. L’observation du croissant lunaire dont dépend l’Algérie et les Algériens va en droite ligne de «l’authenticité » qu’a évoquée Mohamed Aissa. «Nous sommes dans l’authenticité la plus complète parce que nous avons conjugué, cette année encore, les données scientifiques que nous fournit le CRAAG et la donne traditionnelle du Prophète (QSSSL)», a-t-il expliqué. Interpellé au sujet des divergences qui caractérisent les nations du monde musulman à propos des périodes et évènements religieux, le ministre n’a pu que reconnaître ces divergences. «Cette année, il y a eu une divergence entre l’Algérie et le monde oriental, qui considère que c’est mardi le 29ème jour du mois de Chaâbane », a-t-il dit. Sur sa lancée, le ministre des Affaires religieuses appelle à la rescousse les données scientifiques selon lesquelles le croissant lunaire ne sera pas visible à l’œil nu pour ce mardi à 15h00 heure algérienne. «Mercredi pour les Algériens, c’est le 29ème jour du mois de Chaâbane. C’est la nuit du doute selon le choix algérien qui se base sur des données scientifiques, à partir du CRAAG et la possibilité de voir le croissant lunaire est très forte», a-t-il fait observer. Le ministre a même avancé que le mois de Ramadhan serait, à 90%, pour demain jeudi et non pas le vendredi. La décision des autorités algériennes a été prise dans l’enceinte du Conseil islamique international avec lequel l’Algérie et d’autres pays ont participé, a précisé le ministre tout en soulignant que, pour le début du Ramadhan, «d’autres pays se sont alignés sur un pays bien spécifié dans l’Orient» mais il n’a pas cité nommément l’Arabie saoudite. Lors de l’émission radiophonique, le ministre s’est porté en faux contre le gaspillage et le comportement de consommation effrénée, constaté malheureusement durant le mois sacré. Sur ce point précis, il a appelé les citoyens à «se soumettre aux prescriptions divines et à être modérés dans leur consommation». La situation actuelle du pays, marquée par la chute des recettes d’hydrocarbures, est une période difficile, a soutenu le ministre, citant en exemple celui du pain qui est, a-t-il dénoncé, «le produit le plus jeté et le plus gaspillé dans notre pays». L’extrémisme, la violence et l’intolérance ont aussi été critiqués par le ministre qui a expliqué que ce sont des excès nullement imputables à la pratique de l’Islam.
La religion de l’Islam c’est celle de la modération et du juste milieu, a poursuivi le ministre. «Lorsque l’on tend vers les extrémismes, c’est généralement la rupture. Or la rupture c’est une négation de l’islamité», a-t-il dit sur un ton docte faisant le distinguo entre l’Islam officiel et celui pratiqué par les extrémistes. «L’Islam est unique», s’est défendu le ministre, mettant l’accent sur «l’Islam qu’ont connu les Algériens, l’Islam hérité, l’Islam de référence divine, c’est-à-dire le texte sacré et la tradition du Prophète qui s’exerce sur un terrain qui est l’Algérie (…). C’est le référent religieux national », a conclu Mohamed Aissa.
Mohamed Djamel