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Mode opératoire de la France pour purger son passif post-colonial : De la repentance à minima pour solde de tout compte

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Une repentance à minima, en termes allusifs, pour un délai cinquantenaire. Tel paraît être le mode opératoire de la France pour purger son passif post-colonial.

La France, qui compte à son actif l’élimination de certains des principaux opposants du tiers monde hostiles à son hégémonie, Félix Moumié (Cameroun-1958), Mehdi Ben Barka (Maroc 1965), de même que les chefs de file du mouvement indépendantiste Kanak Jean Marie Tjibaou et Yéwéné Yéwéné, tous deux assassinés en 1989 en Nouvelle Calédonie sur un territoire dont elle a la charge de sa sécurité, ou enfin le chef de l’opposition tchadienne Ibn Omar Mahmat Saleh (2008), qui, de surcroît, a mobilisé la planète entière pour traduire devant la justice internationale les meurtriers de Rafic Hariri, le mécène de son président Jacques Chirac, fait en effet preuve d’une timidité de chérubin pour la reconnaissance de ses méfaits.

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L’allusif comme marque de fabrique des hiérarques français, particulièrement socialistes. Ainsi Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, en visite de repentance à Téhéran le 29 juillet 2015, a mentionné, en guise d’excuse absolutoire, «les souffrances» du peuple iranien infligé par celui qui était premier ministre du temps de la co-belligérance de la France avec l’Irak de Saddam Hussein contre l’Iran dans la décennie 1980.
(…) Il en a été de même de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État chargé des Anciens combattants, à Sétif (19-21 avril 2015). Premier déplacement à ce niveau de représentation, en Algérie pour le 70e anniversaire du massacre de milliers d’Algériens sous la colonisation française, le ministre a déclaré avoir fait un «voyage mémoriel» pour transmettre ce message du gouvernement français «Aucune mémoire n’est oubliée, on est dans une mémoire apaisée», qu’il estime être un «geste fort et symbolique».
M. Todeschini avait en effet déposé une gerbe de fleurs devant le mausolée de Saâl Bouzid, ce jeune scout tué le 8 mai 1945 pour avoir brandi un drapeau algérien. Ce jour-là, alors que la France fête la victoire contre le nazisme, l’histoire tourne au drame dans l’Est algérien, à Sétif mais aussi à Guelma et à Kheratta, où les manifestations sont réprimées dans le sang. En quelques semaines, des milliers d’Algériens – entre 10 000 et 45 000, selon les sources – seront tués, ainsi qu’une centaine d’Européens.
«En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kheratta » , a inscrit le secrétaire d’État dans le livre d’or du musée de la ville, appelant Français et Algériens, «au nom de la mémoire partagée par nos deux pays (…), à continuer d’avancer ensemble vers ce qui les réunit».
Auparavant, balisant le terrain, l’ambassadeur de France en Algérie, avait évoqué, en 2005, «tragédie inexcusable», puis trois ans plus tard, en 2008, le nouvel ambassadeur Bernard Bajolet avait pointé la «très lourde responsabilité des autorités françaises de l’époque dans ce déchaînement de folie meurtrière», ajoutant que «le temps de la dénégation est terminé».

Par René Naba, Journaliste-écrivain
Ancien responsable du Monde arabo-musulman au service diplomatique de l’AFP

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