Accueil ACTUALITÉ Migrants subsahariens et africains en Algérie : Amnesty International réclame un statut...

Migrants subsahariens et africains en Algérie : Amnesty International réclame un statut de réfugié

0

Hassina Oussedik, la directrice de bureau d’Amnesty International (AI) en Algérie a regretté, hier, qu’aucune loi protégeant les réfugiés politiques en leur offrant le droit d’asile n’a été instituée après l’amendement de la constitution l’année dernière. En effet, la représente de cette organisation humanitaire et non gouvernementale a indiqué que la constitution algérienne ne reconnait pas encore le statut de réfugié politique et le statut de réfugié fuyant la guerre, appelant les autorités publiques à combler ce lacune et ce vide constitutionnel pour protéger les droits humains de cette catégorie et régulariser la situation de plusieurs migrants dans le pays. « les migrants subsahariens et ceux de la Libye et de la Syrie qui sont installés ici en Algérie, un pays stable et sûre, doivent bénéficier de tous leurs droits élémentaires et d’une reconnaissance dans le droit national pour leur assurer une protection et la prise en charge qui s’imposent conformément au droit international humanitaire » a affirmé Hassina Oussedik. Selon le bureau de l’AI en Algérie, les forces de sécurité auraient arrêté à Alger, en décembre dernier, environ 1 500 migrants et réfugiés venus d’Afrique subsaharienne et auraient expulsé plusieurs centaines d’entre eux vers le Niger dans les jours qui ont suivi. Hassina Oussedik a dénoncé aussi les opérations de refoulement massif de migrants subsahariens au Niger et au Mali sous des prétextes d’appartenance à des réseaux mafieux et d’espionnage. « Si des individus ont commis des infractions à la loi nationale, il faut qu’ils soient présentés aux instances judicaires compétentes et bénéficier d’un procès équitable à titre individuel » a-t-elle expliqué. Par contre, Hassina Oussedik, qui a procédé hier, à la présentation de rapport annuel de l’AI sur la situation des droits humains dans le monde, a souligné le peu d’intérêt de la presse nationale porté pour les questions et les préoccupations des migrants en Algérie, ce qui explique, selon elle, le malentendu de la population locale envers eux. Une situation qui se traduit souvent par des heurts et des conflits entre la population locale et ces migrants. Pour remédier à cette situation, AI en Algérie a prévu des cycles de formation au profit de tous les organes de médias pour sensibiliser et exposer la situation des migrants dans tous ses aspects. Abordant le rapport annuel de l’AI à travers les 159 pays dans lesquels elle est présente, Oussedik a dénoncé des «politiques de diabolisations » et des « discours haineux » à lesquels font face les migrants dans un monde qu’elle qualifie de « plus divisé et plus dangereux », précisant qu’en 2016, l’utilisation cynique de ces discours rejetant la faute sur les « autres » et distillant la peur et la haine a atteint des niveaux inégalés depuis les années 30. Par ailleurs, abordant la situation des droits de l’Homme en l’Algérie, Oussedik a noté des
« avancées considérables » après le dernier amendement de la constitution du pays et ce à travers l’institution du Conseil national des droits de l’Homme et l’annulation des peines privatives de liberté pour les journalistes. Toutefois, Oussedik a souligné des restrictions de liberté d’expression, d’association, de réunion et de religion. Dans la partie de son rapport consacré à l’Algérie, AI a noté que des personnes qui ont critiqué pacifiquement le gouvernement ont fait l’objet de poursuites pénales et des médias ont été fermés. Oussedik a évoqué l’affaire du journaliste indépendant, Mohamed Tamalt et qui a été condamné à deux ans d’emprisonnement pour « outrage envers le président et les institutions publiques » et décédé à la prison après avoir observé une grève de la fin. Sur cette question, Oussedik a dénoncé un « procès qui n’aurait pas eu lieu ». Selon elle, « les personnalités politiques sont légitimement exposées aux critiques ». Elle a appelé de ce fait à modifier l’article 144 du code pénal, qui représente, selon elle, un frein et un obstacle devant la liberté d’expression et de réunion en Algérie. Elle a appelé aussi à faire bénéficier les blogueurs et internautes qui diffusaient des informations et des blogues dénonçant l’action de gouvernement de même statut que les journalistes, insistant que « les réseaux sociaux et facebook sont des espaces d’expression libres dont aucun État ne peut sanctionner». Sur les personnes arrêtées après les violences intercommunautaires à Ghardaïa et qui sont toujours emprisonnées depuis 20 mois, le bureau de l’AI en Algérie a signifié que des contacts sont en cours avec les avocats des détenus pour recueillir assez d’informations sur cette affaire, s’abstenant de donner des commentaires arguant de ne pas disposer de « suffisamment d’informations ». AI a dénoncé aussi le maintien de l’interdiction de manifester dans la Capitale Alger depuis 15 ans, soulignant que rien n’est prévu pour cela en dépit que 14 projets de loi sur la réforme de la justice ont été présentés au Parlement. Oussedik a dénoncé aussi la répression exercée sur la communauté Ahmadite en Algérie, rappelant à l’assistance que l’acception de pluralité de culte et de religion est le seul garant contre l’extrémisme. Durant son intervention et devant ce qu’elle a qualifié de « dégradation continue de la situation des droits humains en Algérie et à l’international, Oussedik a lancé : « résistez ! », avertissant sur le fait que si les sociétés civiles ne réagissent pas à travers le monde, la situation s’aggravera encore en 2017.
Hamid Mecheri

Article précédentPour le « Washington Post » : L’adhésion du Maroc à l’UA est un «cheval de Troie»
Article suivantL’Ahmadisme ne cesse de se propager en Algérie : Cinq personnes arrêtées à Chlef