Un journaliste néerlandais, Gerbert Van Der Aa, a été expulsé du Maroc dimanche, alors qu’il réalisait un reportage sur les migrants installés dans la région de Nador avant de l’expulser vers l’enclave espagnole voisine de Melilla, a rapporté la presse marocaine lundi. Cette expulsion intervient à un moment où, depuis quelques semaines, près de 500 migrants ont été arrêtés par les autorités marocaines, selon la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador. «Leurs abris de fortunes et effets personnels ont été brûlés, laissant des femmes et des enfants dans le dénuement le plus total», a-t-on ajouté. La section locale de l’AMDH, citée par des médias marocains, a précisé que la police a arrêté le correspondant d’Elsevier, Gerbert Van Der Aa, dans la ville du nord alors qu’il réalisait un reportage sur les migrants installés dans la région avant de l’expulser vers l’enclave espagnole voisine de Melilla. Selon des déclarations données à la presse néerlandaise, le journaliste affirme avoir été suivis par des fonctionnaires dès son arrivée. Selon ses déclarations, la police lui a affirmé qu’il exerçait le journalisme sans autorisation au Maroc. «Un peu plus tard, ils ont même dit que j’aurais dû faire une demande de tournage, mais je ne filme pas du tout, j’écris», a déclaré Van Der Aa. En sus de son travail sur l’immigration clandestine, sujet qu’il traite habituellement, le journaliste a indiqué qu’il a eu une entrevue avec un défenseur des droits de l’Homme à Nador, abordant la question du Hirak du Rif. Pour Omar Naji, représentant de la section Nador de l’AMDH, cité également par la presse locale, cette arrestation est la conséquence «d’un dossier tabou». «Ils ne veulent pas que l’on découvre les graves violations des droits de l’Homme qui ont lieu à Nador et les statistiques erronées et exagérées sur le nombre de migrants qui vivent à Nador», explique-t-il. Pendant son court séjour, le journaliste a rencontré l’association deux fois pour discuter des arrestations des migrants dans la ville marocaine. «Nous nous sommes rencontrés jeudi et vendredi. Il nous a ensuite prévenu de son expulsion vers Melilla», a-t-il ajouté. L’ONG américaine, Human Rights Watch, a constaté dans son rapport mondial sur la situation des droits de l’Homme, que les autorités marocaines ont continué tout au long de 2018 à restreindre les activités d’ONG, notamment la plus grande organisation indépendante de défense des droits humains au Maroc l’AMDH. «Les autorités ont fréquemment empêché la tenue d’événements organisés par des sections locales de l’Association marocaine des droits Humains, en refusant l’accès aux lieux prévus», a indiqué l’ONG.