L’affaire des « filles de Sale violées », qui avait défrayé la chronique en 2020, est revenue au devant de la scène pour éclabousser la justice marocaine et le palais royal.
C’est à la faveur d’une vidéo mise en ligne par l’une des victimes, où elle a dénoncé les peines prononcées par la justice en appel, qu’elle a qualifiées de légères, que le scandale est arrivé. Cette dernière, qui a relaté les faits dans la vidéo, a non seulement dénoncé des vices dans la procédure d’enquête menée par la justice et des complicités des services de la gendarmerie marocaine pour couvrir certains accusés. Dans la vidéo, relayée sur les réseaux sociaux, une des victimes qualifie de partiale le tribunal d’appel de Rabat, affirmant qu’elle a été surprise par la légèreté des peines prononcées à l’égard des mis en cause, par rapport aux faits qui leur sont reprochés (viol avec violence, séquestration, non dénonciation de crime et non-assistance à personne en danger). Dans son récit, elle raconte les faits en indiquant qu’en 2020, des individus, cagoulés et armés de sabres, se sont introduits chez eux, dans la région de Bouknadel, par effraction, au milieu de la nuit, à 2h du matin. Ils ont violenté la mère de famille, et deux de ses filles, avant de kidnapper les deux plus jeunes filles pour les conduire dans un endroit isolé. La benjamine a été ensuite violée par quatre des individus, tandis que sa sœur a été agressée sexuellement et atrocement torturée avec une arme blanche. Dans son récit, elle a affirmé avoir été violée par 17 individus alors qu’au terme de l’enquête, seuls cinq ont été inculpés et présentés à la justice » pour bénéficier, au terme du procès en appel, de peines légères par rapport à leur crime abject », a-t-elle précisé. Citant cette victime, le site « Essouah news » indique que le chef de la bande, un baron de drogue, a été lavé des charges de constitution d’associations de malfaiteurs, trafic de drogue, viol avec violence, enlèvement et séquestration. Il y a lieu de rappeler que dans son édition du 19 mai 2021, le quotidien El-akhbar, citant des sources proches de l’enquête avait affirmé qu’un des mis en cause avait affirmé avoir reçu une sommes d’argent de ce baron pour mener une expédition punitive contre la famille des victimes, qui aurait, avant les faits, déposé une plainte pour menace contre lui. La victime cite des personnes qui n’ont pas été inquiétées par la justice à l’instar d’une femme qui a participé activement aux faits mais dont le nom a disparu de l’arrêt de renvoi. Cette affaire qui est en train de susciter la mobilisation de l’opinion publique marocaine et des associations de défense des droits humains et des femmes, ne semble pas émouvoir le procureur général représentant du Roi qui, au lieu de se ranger du côté des victimes et défendre le droit des parties civiles, s’est rangé du côté des bourreaux en remettant en cause les accusations des victimes. Il a démenti que le viol ait été perpétré par 17 personnes comme l’affirment les victimes, une façon pour lui d’éloigner le concepteur de l’expédition punitive (le baron), du crime de constitution d’associations de malfaiteurs. Il va jusqu’à prendre la défense du greffe du tribunal en affirmant que les victimes et leur défense ont été avisées de la programmation de l’audience en appel pour le mois de juin, mais que pour des motifs propres à l’administration judiciaire, elle a été programmée le 19 mai dernier. « Il tentera, dans ses déclarations, de disculper la gendarmerie royale, et la justice des accusations de collusion avec l’auteur des faits ». Cette affaire, et bien d’autres, montrent la puissance du lobby des trafiquants de drogue qui s’est offert, grâce à ses accointances avec le Makhzen et le palais royal, la servilité des services de la gendarmerie et même de la justice qui se dressent comme paravent pour l’absoudre de toutes ses crasses. D’ailleurs, la justice marocaine est souvent citée comme exemple d’institution où les droits des justiciables sont bafoués. Et la vidéo relatant le supplice des femmes violées de Salé n’est qu’une infime partie visible de l’iceberg de la corruption instituée comme mode de fonctionnement de l’administration du commandeur des croyants, sa majesté M6.
Slimane B.