Chaque week-end, les rassemblements en soutien à la Palestine reprennent dans plusieurs villes à travers le monde, notamment aux États-Unis. Hier, à New York, le pont de Manhattan a été bloqué pour protester contre la guerre en cours dans la bande de Ghaza, qualifiée de génocidaire.
Des milliers de personnes ont réclamé un cessez-le-feu durable à Ghaza ainsi que l’arrêt de toute aide militaire américaine à Israël. À Brooklyn, devant le Barclays Center, une autre manifestation a exigé un cessez-le-feu immédiat et permanent, ainsi que la fin du blocus imposé à Ghaza. À Baltimore, Maryland, les manifestants ont appelé le président Biden à cesser d’armer Israël et à mettre fin au « génocide ». Pendant ce temps, les étudiants continuent leurs manifestations dans les universités américaines pour pousser leurs administrations à se désolidariser de l’occupation israélienne et à cesser leur coopération avec les institutions universitaires israéliennes. Des arrestations ont eu lieu à New York, tandis qu’à Seattle, des centaines de personnes ont organisé un sit-in alors que le président Biden était dans la ville pour une collecte de fonds, exigeant qu’il mette fin au soutien financier et militaire à Israël. À Saint-Louis, Missouri, des manifestations sous le hashtag #HandsOffRafah ont eu lieu pour exiger que l’administration américaine intervienne contre l’agression israélienne dans cette ville du sud de Ghaza. En outre, une douzaine de professeurs de l’Université de Princeton ont rejoint les étudiants pour une journée de grève de la faim, exprimant leur solidarité avec la cause palestinienne et exigeant la fin de l’agression israélienne à Ghaza. Depuis le 3 mai, un groupe de 18 étudiants de cette université observe une grève de la faim en signe de solidarité avec les Palestiniens de Ghaza, demandant également l’amnistie pour ceux qui ont été disciplinés pour leur participation à des manifestations pacifiques. Plus de 2 400 étudiants ont été arrêtés lors de manifestations de soutien à la Palestine dans plus de 50 universités américaines, et plus de 50 professeurs ont également été arrêtés dans diverses universités américaines. Ce mouvement estudiantin en faveur de Ghaza, lancé aux États-Unis, s’est étendu à d’autres pays comme la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Canada et l’Inde.
Le peuple marocain en action
Des milliers de Marocains se sont rassemblés, vendredi, lors d’une “journée de colère nationale” pour exprimer leur rejet de l’attaque contre la ville de Rafah et de l’intrusion dans son passage frontalier, ainsi que leur condamnation de l’agression israélienne dans les autres territoires palestiniens occupés. Dans le même temps, les opposants à la normalisation prévoient une grande marche nationale à Rabat en soutien à la résistance du peuple palestinien. Les manifestations ont commencé dans les villes de Marrakech, Tanger, Fès, Agadir, Safi, Béni Mellal, Azrou, Ahfir, Taza, Aïn Jedeida et dans des dizaines d’autres villes marocaines après la prière du vendredi, pour protester contre les attaques et les violations israéliennes contre les Palestiniens.
Des manifestations similaires sont attendues ce soir dans d’autres villes, en réponse à un appel lancé par le “Conseil marocain de soutien aux causes de la nation” pour organiser une “journée de colère nationale” en protestation contre l’invasion de Rafah. Les participants aux manifestations ont brandi des images de Jérusalem, des drapeaux palestiniens et des banderoles condamnant les massacres de l’occupation israélienne dans la bande de Ghaza, ainsi que la complicité occidentale, l’abandon arabe et la normalisation avec l’État occupant, tout en soutenant la résistance palestinienne. Mohamed Rayahi, membre du bureau central du “Conseil marocain de soutien aux causes de la nation”, a déclaré au “Al Arabi Al Jadid” que ces manifestations sont un soutien au peuple palestinien dans sa lutte et une reconnaissance de la résistance palestinienne face à l’armée d’occupation soutenue par l’Amérique et les puissances impérialistes mondiales. Il a également souligné le rejet massif de la normalisation avec Israël.
Les manifs réprimées au Canada
La police d’Edmonton a dispersé samedi à l’aube un campement pro-palestinien installé à l’Université de l’Alberta, dans l’ouest canadien, et a arrêté trois individus, deux jours après une évacuation musclée d’un autre campus dans la même province, à Calgary. En place depuis jeudi en signe de solidarité avec Ghaza contre l’agression sioniste et pour demander à l’université de divulguer ses investissements et de rompre tout lien avec l’occupant, environ une centaine de manifestants ont été délogés sur ordre du président de l’établissement. Bien que cinquante personnes aient résisté, trois individus extérieurs à l’université ont été appréhendés, selon les précisions de la police. Le groupe étudiant People’s University for Palestine a rapporté quatre étudiants blessés, dont un hospitalisé. À partir de vidéos en ligne, il dénonce l’usage de « gaz et de balles au poivre », ainsi que de « matraques et de vélos pour agresser physiquement les manifestants ».
Un porte-parole de la police a admis avoir eu recours à des « munitions spéciales », mais nie l’utilisation de gaz lacrymogène, selon un communiqué. Dans d’autres régions du Canada, des campements similaires ont été érigés sur plusieurs campus, tels que celui de McGill, à Montréal, où l’administration envisage de déposer une injonction lundi pour demander l’évacuation forcée des protestataires. Suivant l’exemple des initiatives pro-palestiniennes sur les campus américains, plusieurs centaines de personnes ont établi des campements au cœur de cette prestigieuse université depuis deux semaines.
La participation d’Israël à l’Eurovision largement dénoncée
Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés samedi à Malmö, en Suède, pour exprimer leur opposition à la participation d’Israël au concours Eurovision de la chanson. Environ 30 000 personnes ont convergé vers la Grande Place (Stor Torget) de Malmö, en réponse à l’appel de nombreuses organisations civiles, exigeant l’exclusion d’Israël de l’Eurovision. Les participants arboraient des pancartes avec des slogans tels que « Des enfants sont tués à Ghaza », « Arrêtez le génocide » et « Palestine pour toujours », scandant des slogans tels que « Palestine libre », « Arrêtez l’occupation » et « Israël est un criminel ». Parallèlement, à Madrid, plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi pour demander un cessez-le-feu à Ghaza et la rupture des relations entre l’Espagne et Israël. La manifestation, qui a attiré environ 4 000 personnes selon les autorités, a été organisée par une trentaine d’organisations à l’approche du 76e anniversaire de la Nakba. Des manifestants ont brandi des pancartes dénonçant un « génocide » à Ghaza et exprimant leur soutien à la « résistance » du peuple palestinien.
Jaldia Abubakra, une manifestante de 57 ans, a dénoncé les évacuations ordonnées par l’armée israélienne à Rafah, déclarant “Ils ont contraint les gens à s’entasser dans le sud de la bande de Ghaza, et maintenant ils sont à nouveau déplacés d’un endroit à l’autre alors qu’il n’y a plus de lieu sûr ». Ces derniers jours, des étudiants espagnols ont également organisé des campements pacifiques sur les campus de Madrid, Barcelone et Valence, rejoignant ainsi le mouvement de mobilisation observé dans plusieurs universités américaines et européennes. La Conférence des recteurs espagnols a déclaré cette semaine qu’elle s’engageait à « réviser et, le cas échéant, suspendre », les accords de collaboration avec des universités et des centres de recherche israéliens qui n’auraient pas « exprimé un engagement ferme envers la paix et le respect du droit international humanitaire ».
M. Seghilani
