L’ancien vice-président américain Joe Biden s’est encore rapproché vendredi, d’une candidature à la Maison Blanche, malgré la polémique récente, qu’il a tenté de désamorcer par l’humour, sur ses marques d’affection jugées déplacées par plusieurs femmes.
«Je suis très proche de prendre la décision de me présenter devant vous», a déclaré à la presse à Washington l’ex-numéro deux de Barack Obama, après un discours devant un syndicat d’électriciens à Washington. Agé de 76 ans, ce vétéran de la politique a multiplié ces dernières semaines les signes annonciateurs d’une candidature. Vendredi, il a expliqué avoir décidé depuis longtemps que s’il entrait dans la course, il serait «le dernier» des candidats démocrates à l’annoncer «pour ne pas faire démarrer le compte à rebours» trop tôt. Les primaires démocrates, qui décideront du candidat officiel du parti, se concluront officiellement en juillet 2020. M. Biden devrait rejoindre une liste de prétendants déjà longue, avec 17 candidats déclarés pour affronter Donald Trump dans les urnes en novembre 2020.
Pas d’excuses
Favori des électeurs démocrates dans les sondages, même sans être candidat officiel, il fait toutefois face depuis quelques jours à une controverse sur des gestes, comme des baisers ou des accolades, jugés trop appuyés par plusieurs femmes. Son équipe a dénoncé une campagne de «calomnies et de manipulations». Connu pour être volontiers tactile, surtout avec les femmes, il a promis d’être «plus attentif» à l’avenir, admettant que «les normes sociales ont changé» avec le mouvement #MeToo. Mais il n’a pas présenté d’excuses franches à ses accusatrices. «Je m’excuse de n’avoir pas mieux compris», a-t-il dit. «Mais je ne m’excuse pas de mes intentions. Je ne m’excuse pas pour ce que j’ai fait. Je n’ai jamais volontairement manqué de respect, ni à un homme ni à une femme». Il a indiqué vendredi qu’il ne serait «pas surpris» si d’autres accusations se faisaient jour. Mais, a-t-il ajouté, «j’ai été contacté par des centaines et des centaines de gens – que je ne connais pas – et qui ont dit tout le contraire». Cette affaire «va certainement changer» la façon dont il fera campagne, a-t-il admis. Lors de son discours, devant un parterre en majorité masculin, il a ironisé sur la polémique en assurant avoir eu «la permission» du président du syndicat, Lonnie Stephenson, de lui faire l’accolade. Plus tard, il a répété cette phrase avant d’enlacer des enfants venus sur scène. «Tout le monde sait que je préfère les enfants aux adultes», a-t-il commenté. Lucy Florès, l’une des accusatrices de M. Biden, a fustigé sur Twitter son trait d’humour. «Faire des plaisanteries sur quelque chose d’aussi sérieux que le consentement rabaisse les discussions que les femmes tentent d’ouvrir», a-t-elle dit. Une autre, Amy Lappos, a estimé au Washington Post que la plaisanterie était «une indication claire que M. Biden ne comprend pas et ne prend pas au sérieux» les allégations qui le visent.
Trump ironise
Dans son discours, Joe Biden, apprécié par l’électorat populaire blanc, a souligné les racines ouvrières de sa famille. L’Amérique «a été construite par la grande classe moyenne américaine, et ceux qui ont forgé cette classe moyenne, ce sont les syndicats», a-t-il lancé. Mais dans un tweet diffusé dès la fin de son intervention, Donald Trump a assuré que cette stratégie était vouée à l’échec. «J’ai employé des milliers d’électriciens. Ils voteront pour moi !», a écrit sur Twitter l’ancien magnat de l’immobilier. M. Trump, qui briguera un second mandat, avait auparavant affirmé que M. Biden n’était «pas une menace» pour sa réélection, évoquant le «mauvais bilan» de l’administration Obama.
«Je ne le vois pas comme une menace, je pense qu’il n’est une menace que pour lui-même», a-t-il prédit vendredi matin. «J’aimerais que ce soit le cas, mais pour être honnête je serai content avec n’importe lequel» des candidats démocrates, a continué le président, visiblement sûr de lui.