Pour ce professeur, il est temps pour l’Algérie de changer de cap en sortant du curatif pour aller vers le préventif. Selon Berkani, en effet, ce qui compte aujourd’hui devant l’émergence de plusieurs maladies et épidémies c’est la prévention qui mènera certainement vers la guérison et le bien-être.
S’exprimant, hier, sur les ondes de la Radio nationale chaîne trois, le président de l’ordre des médecins, Mohamed Bekkat Berkani n’a donc pas cessé de mettre en avant « la prévention » dans une conjoncture menacée par l’émergence de plusieurs maladies chroniques mais surtout d’épidémies qui dépassent les frontières. Pour l’hôte de la chaîne trois « vaut mieux prévenir que guérir » et cette notion doit être ancrée dans le quotidien de chaque algérien exposé, en effet, à tout genre de maladies. « Malgré l’allongement de l’espérance de vie des Algériens, ils sont en conséquent exposés à développer un peu plus de maladies qu’avant, comme les maladies cardiaques, le diabète et notamment le cancer », prévient-il à ce propos. Il expliquera que ces maladies se propageront inéluctablement à l’avenir compte tenu de l’évolution du monde ce qui est l’exemple du cancer qui est une affection de plus en plus importante que ce soit en Algérie que partout dans le monde, provoqué par plusieurs facteurs (environnementale et mode de vie). L’Algérie doit donc, pour Berkani, se préparer à faire de la prévention et éliminer certains nombres de facteurs pour pouvoir prétendre à plus de sérénité et d’éviter en fin de compte sur le plan économique des dépenses qui sont très importantes. «La prévention c’est elle qui amène à la guérison et coûtera certainement moins cher à la collectivité nationale que ce soit à l’état ou au systeme de solidarité nationale »dira-t-il. Pour ce faire, l’hôte de la chaîne trois préconise d’institutionnaliser et d’organiser l’action de prévention. Cette tâche doit être confiée, poursuit-il, à de veritables institutions qui puissent dicter des règles de prévention et qui puissent notamment avoir les moyens de le faire. Ces institutions, ajoute-t-il, comportant des observateurs de la situation épidémiologique des maladies chroniques ou émergentes doivent établir des feuilles de route pour pouvoir parler de guérison, et de bien-être des futurs malades. Soulevant que les moyens de prévention restaient défaillants en Algérie, berkani estime qu’il faut des plans de prévention dument organisés et appliqués avec des institutions qui sont nommées et responsables devant les autorités publiques au plus haut niveau de l’état. Citant le cancer du sein, par exemple, qui est prédominant chez les femmes, l’intervenant souligne que les moyens de le prévenir seraient, toutefois, très simples.
Il explique, à ce titre, qu’il faut apprendre aux femmes de façon individuelle de se palper le sein, avoir un systeme de détection rapide de n’importe quelle tumeur commençante, la mise à la disposition des femmes de moyens radiologiques pour faire le dépistage précoce, et enfin mettre en place des modèles d’intervention chirurgicaux. S’exprimant, par ailleurs, au sujet de la création d’un observatoire chargé de la prévention, le président de l’ordre des médecins en souligne la nécessité. Sa mission sera, pour Berkani, d’observer les maladies émergentes tout en dictant des études et des conclusions. De plus, ce secrétariat doit impliquer tous les secteurs concernés. « Il faut que les acteurs impliqués dans le contrôle des facteurs environnementaux et qui préludent à l’apparition de ces maladies chroniques soient concernés », soutient-il. Berkani citera, à ce titre, les collectivités locales, le ministère du Commerce, le ministère des transport, le ministère de la Santé, signalant qu’il s’agit de faire de la prévention avec chacun de ces secteurs dans cet organe qui doit agir directement pour essayer d’influer sur la prévention. Les maladies doivent être, grâce à ce secrétariat, maîtrisées et maîtrisables en dictant des règles d’hygiène de vie aux Algériens qui sont rentrés dans le modernisme en mangeant mal et ne pratiquant pas d’exercice physique, souligne-t-il toujours dans le même cadre d’idées. Sur l’exemple, par ailleurs, de la multiplication des cas de cancer, il a fait état d’environ 50.000 chaque année, et celui des affectations respiratoires «invalidantes» 40.000 cas, dus à la consommation de tabac et à un environnement pollué, indiquant que la prévention «n’est pas à mettre entre toutes les mains».
Toutefois devant la multiplication de certaines maladies, telle celle du cancer, Berkani relève l’absence cruciale d’un registre national, permettant de suivre l’évolution de chacune parmi elles ou d’alerter sur leur survenue. évoquant la prévention du Virus Zika, l’invité de la chaîne trois estime que c’est le rôle d’une institution de veille qui doit être à l’écoute. Il dira, toutefois, qu’il ne faut pas augmenter les préoccupations.
Ania Nait Chalal