Les études et la formation professionnelle, représentent, pour la population carcérale de l’Établissement de rééducation et de réadaptation de Tizi-Ouzou, une porte ouverte sur la réinsertion et un lien continu avec le monde extérieur.
Un des détenus, rencontré au niveau du service réinsertion où l’APS s’est rendue, et qui a décroché son baccalauréat avec une moyenne de 14/20 dans la filière lettres, a indiqué s’être remis aux études pour «rester à jour et acquérir de nouvelles connaissances, car le monde et la recherche évoluent». Ce même prisonnier a témoigné du «bon encadrement» assuré au niveau de la maison d’arrêt. «Des enseignants viennent de l’extérieur pour nous donner des cours et nous assurer une bonne assistance tout le long de l’année scolaire, en plus il y a une disponibilité d’ouvrages», a-t-il assuré. Lauréat du Brevet d’enseignement moyen (BEM) avec une moyenne de 12,96/20, un autre détenu, incarcéré pour la première fois, a avoué «ne pas s’attendre à trouver de bonnes conditions au niveau de l’Établissement carcéral». «Avant d’être détenu, j’avais une autre idée sur la situation à l’intérieur d’une prison, mais l’administration a mis à notre disposition tous le moyens nécessaires pour poursuivre notre scolarité. Demain, quand j’aurais payé ma dette envers la société, mes études me serviront pour me reconstruire et me réinsérer dans le tissu social», dira-t-il. Le responsable de la bibliothèque de la maison d’arrêt, a signalé que celle-ci compte un total de 19.843 livres et 6.141 titres, assurant que «le détenu peut obtenir jusqu’à 5 livres par semaine et que l’Établissement procure à ceux qui font des travaux de recherche ou des mémoires de fin d’étude, les ouvrages dont ils ont besoin», assurant que des salles sont aussi mises à leur disposition pour réviser. Suivre une formation professionnelle est un autre moyen de préparer sa réinsertion, a affirmé un autre détenu lauréat du secteur de la formation professionnelle, ayant décroché son diplôme dans les métiers du bâtiment, spécialité béton, et qui a remercié le personnel de l’Établissement et les enseignants qui, a-t-il dit, «nous ont bien aidé et bien encadré». Il a souhaité, à l’occasion, l’enrichissement de la bibliothèque avec plus d’ouvrages ainsi que de la carte des formations «pour être à jour avec l’extérieur, car la vie dehors s’accélère», lançant un message d’espoir aux prisonniers les invitant à occuper utilement leur durée de détention. «Tant que nous sommes ici, je conseille aux détenus d’employer utilement leur temps en étudiant ou en suivant des formations qui vont leur servir plus tard pour leur réinsertion.
Diverses opportunités offertes par le service de réinsertion
Et pour occuper utilement leur temps, les prisonniers de la maison d’arrêt de Tizi-Ouzou, peuvent suivre plusieurs formations, grâce aux différentes conventions signées entre le ministère de la Justice et d’autres départements ministériels, tels que ceux de la Formation et de l’Enseignement professionnels et de l’Agriculture et du Développement rural, a souligné de son côté le juge d’application des peines, Aba Mahmoud. Ces conventions offrent aux prisonniers, la possibilité de suivre une formation dans plusieurs spécialités et d’obtenir un diplôme qui leur servira à décrocher un emploi et même à créer leur propre micro-entreprise, grâce aux formations en entrepreneuriat et management, assuré par les différents dispositifs d’aide à la création de l’emploi ( ANGEM, CNAC ANADE), a-t-il précisé. Le directeur-adjoint de l’Etablissement, chargé de l’incarcération a souligné «l’importance du service de réinsertion dans la mise en application de la démarche générale de l’Etat pour la réintégration des détenus dans la société». À propos du rôle de ces formations et études, la psychologue de l’Établissement a affirmé que «l’État encourage les prisonniers à suivre une formation ou des études non seulement dans l’unique but de bénéficier de la grâce, mais aussi pour préparer leur réinsertion», car, a-t-elle expliqué, «cette démarche les aide à voir un but dans la vie, à se reconstruire et à avoir confiance en leur capacités». De son côté le directeur de l’Etablissement de rééducation et de réadaptation de Tizi-Ouzou, Nassime Dehibi a précisé que le but de ces formations et de l’inscription des détenus pour suivre des études, est de «relever le niveau intellectuel de la population carcérale et d’encourager les détenus à avoir une pensée positive et préparer leur réinsertion». Concernant les résultats réalisés par les prisonniers aux examens du BEM et du Baccalauréat, ce même responsable a indiqué que sur 84 qui ont passé les épreuves de passage au cycle secondaire, 77 ont décroché le brevet. Quant au BAC, sur un total de 90 examinés, 69 l’ont obtenu, soit un taux de réussite de 76,66%. Pour ce qui est de la formation professionnelle, qui a ouvert 8 spécialités au niveau de ce même Établissement, M. Dehibi, a fait état de 315 lauréats sur 368 détenus qui ont passé les examens pour l’obtention d’un diplôme de fin de formation.