En désespoir de cause, le Makhzen profite de la visite du président français au Maroc pour nous sortir à nouveau l’histoire fantaisiste des frontières. Le vieux récit marocain selon lequel une région bien particulière du Sud algérien qui regorge de richesses naturelles lui appartient. Pourtant, l’histoire a été implacable avec l’agresseur qui, en 1963 et au lendemain d’une guerre contre une colonisation qui a amoindri les capacités de l’Armée de libération nationale, a violé la souveraineté territoriale nationale dans le Sud. Le régime marocain, par la voix de ses médias, reconnait lui-même ses velléités d’expansion dans la région. Les premiers pas de sa colonisation ne datent pas de 1975 au Sahara occidental. Mais, à en croire sa dernière parodie historique, le Maroc détiendrait un acte de propriété sur des régions sahariennes en Algérie, dans le Sahara occidental et en Mauritanie. Ainsi donc, le Makhzen qui met en œuvre, à l’heure actuelle, une entreprise massive d’expropriation de biens appartenant à d’ « humbles » sujets, envisage de donner un prolongement plus ample à ses ambitions d’expansion dans la région. Pour arriver à ses fins funestes, il compte bien sur le concours du chef de l’Élysée pour assouvir son appétit vorace. En effet, la presse marocaine croit tenir son scoop à l’occasion. L’information est passée sous le manteau. A savoir que, l’invité de marque du roi M6 aurait ramené dans ses valises « des archives secrètes sur la marocanité de Tindouf. » Selon le récit marocain, « la France doit restituer au Maroc ce qu’elle lui a enlevé en représailles au refus du roi Mohammed V de négocier la question des frontières avec la France et de bénéficier de l’exploitation commune de la mine de fer Gara Dejbilet. » Rien que ça ! Voilà donc pourquoi le Makhzen n’a cessé, depuis l’annonce par les autorités algériennes de l’exploitation du gisement de fer de Tindouf, de remuer ciel et terre pour revendiquer cette région du pays. Mais avant la confirmation du voyage de Macron, le Makhzen a fait le lit à cette thèse farfelue. De Bernard Lugan, cet autoproclamé historien français et pseudo-spécialiste de l’Afrique jusqu’à Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur à Alger, en passant par ses relais les plus attitrés pour nourrir ses convoitises territoriales en Algérie, le récit marocain a pris de l’épaisseur. En vain, car aucune propagande ne peut remettre en cause un fait historique. A vrai dire, derrière toute cette agitation, le Makhzen cherche à cacher ses revers dans le dossier du Sahara occidental. Aujourd’hui, ne savant plus où donner de la tête depuis le coup de massue de la CJUE sur le Sahara occidental, le Makhzen est en quête d’un tantinet réconfort auprès d’Emmanuel Macron pour oublier ses désillusions. On le sait, mais la lune de miel entre Paris et Rabat ne tient qu’à château de cartes bâti sur le reniement du droit international. C’est là où le bât blesse !
Farid Guellil