En France, rien ne va plus. Elle sombre dans une grave crise politique. Sans doute, la plus compliquée de la cinquième république. Et s’il fallait une preuve matérielle de plus, le ras-le-bol général exprimé, hier, par les Français, dans les grandes villes. Ces manifestations traduisent une chose : le chef de l’Élysée n’a plus rien à proposer à un peuple dont l’avenir est sacrifié sur l’autel de la finance internationale. Pas plus que gagner du temps pour un Emmanuel Macron qui en excelle depuis qu’il a maté, dans le sang, les Gilets Jaunes, en 2018. Bien pire, il s’enfonce dans sa politique onéreuse. Mais, au même temps, il se plaint de la hausse inquiétante d’une dette publique (3.400 milliards d’euros) à laquelle il avait lui-même contribué. La solution ? Il demande, sans rougir, aux Français, non pas seulement de se serrer la ceinture, mais de mettre la main à la poche. Et comment ! Au lieu d’écouter la détresse sociale, Macron demande un effort de guerre et de travail supplémentaires qui se chiffre à coup de milliards d’euros. Bayrou s’est essayé à cet exercice difficile. Et périlleux, on le verra ! Il a tenté de forcer la main à une assemblée qui l’a vite éconduit, lui et son budget 2026, et est contraint à prendre la porte de sortie de Matignon. Mais Macron persiste dans le déni de la réalité. Il nomme le ministre des Armées comme successeur et qu’il charge de former un autre Gouvernement. Une énième « provocation » et une énième « farce », a-t-on qualifié cette démarche. Aujourd’hui, l’expression du rejet a redescendu dans la rue. Le mouvement « Bloquons tout » a tenu ses promesses. Hier matin, les Français se sont réveillés, non pas pour aller travailler. Mais pour « Bloquer tout » et jeter leur colère à la figure de Macron. Son départ est réclamé dans des rues parisiennes qui se sont transformées en arènes opposant forces de police aux manifestants. La violence s’installe. Ainsi, après avoir fait chuter Bayrou et son gouvernement, l’opposition, parlementaire ou populaire, ne parle pas seulement d’une démission volontaire de Macron. De plus en plus de voix, effet, soutiennent l’idée d’une destitution pure et simple. Les députés de la France insoumise et d’autres élus de la gauche sont sur le coup. Mardi, ils ont déposé une proposition de résolution visant à engager une procédure de destitution. La rue, de son côté, s’interroge sur les intentions de Macron. « Pourquoi refuse-t-il de démissionner alors que lui-même critiquait les dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir ? », pourrions-nous résumer. Ou encore, « c’est pourtant, Macron, qui bafoue les lois, alors que la démocratie repose sur le principe d’un pouvoir exercé par et pour le peuple. » Pendant ce temps, Macron se mure dans le silence. Enfin, il peut compter sur le Premier flic de France pour « rétablir l’ordre » histoire de sauver son poste dans un improbable prochain Gouvernement. Car, cette crise est partie pour durer.
Farid Guellil