Et si la crise qui mine la monarchie marocaine depuis des lustres pourrait s’expliquer par des événements et des faits historiques qui ont façonné même l’actuel système politique incarné par le Makhzen ? Car, à vouloir trop prêter attention à l’actualité, on se perd souvent en conjectures sans pouvoir accéder à la réponse. Mais contexte oblige, il faut d’abord commencer par le commencement. Fort attendu par la jeunesse marocaine portée par le mouvement « GenZ 212 » qui manifeste sa colère dans la rue depuis deux semaines maintenant, le roi Mohammed 6 a, dans son discours prononcé vendredi dernier devant le Parlement, ignoré royalement ses sujets. Pas un traître mot renvoyant aux manifestants violement réprimés par les forces de sécurité. Pas un traître mot sur les revendications de la rue. Au lieu de nommer les choses par leur nom, M6 a noyé le poisson dans sa ritournelle de circonstance. Même la fameuse formule « mon très cher peuple » a sauté du discours. M6 n’a pas dérogé à son attitude arrogante à l’égard des Marocains. Il a dit niet ! Mais nous lui accordons le bénéfice du doute en répétant la question suivante : est-il au courant de ce qui se passe dans son royaume ? Si l’on pouvait trouver une aiguille dans une botte de foin, alors on pourrait dire que M6 a répondu aux manifestants. Ce n’est pourtant pas ce que disent les médias marocains et autres stipendiés du Makhzen. Ils se sont essayés à cet exercice difficile. Ainsi, la propagande marocaine a rendu la plus pâle copie de ce qu’elle interprète comme une réponse au peuple dans le discours du roi. D’ailleurs, la déception était grande chez la jeunesse marocaine en mouvement. Une frange de la société qui veut se libérer de la tyrannie de la monarchie. Une jeunesse qui veut être maîtresse de son destin, mais qui ne peut évoluer en dehors du carcan du Makhzen. Ce système politique dont l’essence même repose sur la colonisation héritée de l’impérialisme dominant durant la première moitié du siècle dernier. Pour résumer, le roi et son Makhzen ne sont pas maîtres chez eux. Ils sont dirigés par des forces extérieures. On a beau chanté la « souveraineté » d’un royaume qui n’en a point. C’est dans cet esprit que des observateurs de la scène politique régionale tentent d’analyser les événements actuels à travers le prisme historique. Pour ce faire, ils ont convoqué un fait de l’histoire clé qui a mis en place l’actuel système politique du royaume. « Le Conseil du Trône », à savoir. Il s’agit des accords d’Aix-les-Bains en France signés le 22 aout 1955 et lesquels ont donné naissance à la supposée et chimérique indépendance du Maroc. Pour dire vrai, le Maroc évolue toujours sous un protectorat étranger duquel il n’est jamais sorti.
Farid Guellil