L’État semble déterminé à s’attaquer au phénomène de l’insécurité urbaine, qui, faut-il le souligner, ne cesse de s’amplifier à l’aune de l’expansion de villes nouvelles à l’intérieur du pays.
Ainsi, pour se faire, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a annoncé, hier à Alger, la création d’une police de proximité. Ceci, à même de réprimer toutes sortes d’atteintes, aussi bien celles touchant à la vie des personnes que celles qui troublent la quiétude de l’environnement citadin.
C’est dire combien il est indispensable de se pencher sur un phénomène qui sévit, chaque jour que Dieu fait, au sein des villes algériennes. Noureddine Bedoui, qui est intervenu au courant de la rencontre, gouvernement-walis, tenue du samedi dernier jusqu’à hier dimanche, a révélé que ses services ont élaboré un projet portant sur l’institution d’une police de proximité. Et, lequel, sera soumis au gouvernement ultérieurement. Une chose est claire, c’est que le gouvernement est plus que jamais inquiété, face aux nombreux cas de violence enregistrés quotidiennement, et signalés partout dans les cités urbaines. À ce titre, les statistiques établies périodiquement en la matière, montrent le niveau de ce phénomène qui va crescendo, lorsqu’encore son développement le rend de plus en plus complexe à résoudre. C’est du moins ce qu’entend le ministre du gouvernement, qui a motivé la création de la police urbaine spécialisée dans la lutte contre les délits de proximité, par l’importance du potentiel urbain. Aussi, les autorités publiques s’inquiètent du développement du phénomène de l’insécurité au fil du développement du tissu urbain, caractérisé par la naissance de nouvelles villes. Sur ce point, la priorité du gouvernement est, jusque là, portée sur la nécessité de répondre à la forte demande de la population en matière de logements. Néanmoins, assurer la sécurité et la quiétude au sein de ces nouvelles cités est primordial, pour permettre le vivre ensemble et la cohésion des différentes populations, issues, généralement, de divers horizons géographiques, sociaux et culturels du pays. De l’avis des spécialistes de la sociologie urbaine, l’une des causes qui engendrent la violence dans le milieu citadin, est liée à la diversité qui caractérise les différentes populations qui occupent les nouveaux espaces urbains. Quant à son développement, les auteurs de violence «justifient» leurs actes, pour ainsi dire, par le fait qu’il existe des cas de délits avérés impunis dans la société, estiment les spécialistes. Autrement dit, les personnes responsables de la violence bravent l’autorité de l’État, parfois, jugée en recul. Pour le reste, le constat se fait de lui-même. Chaque jour qui passe, de nombreux actes de violences sont signalés aux quatre coins du pays. Un cas édifiant en date, parmi tant d’autres, a défrayé la chronique et a choqué l’opinion publique. Fin octobre dernier, un voleur pris la main dans le sac a été lynché publiquement, dans des actes d’une rare violence et relevant d’un autre âge, à Akbou, localité située à 70 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. La personne mise en cause a été suspendue des pieds au moyen d’une corde, devant un mur, au sein d’un marché populaire, après avoir été battue à sang, devant des policiers. Ces derniers, étaient restés impuissants devant la vindicte populaire et la «justice de rue». Pas uniquement, puisque les villes algériennes s’érigent souvent en arènes de combats, livrés par des gangs et des brigands de tout acabit. Les conséquences sont payées par les citoyens lambda, en quête d’un espace urbain où règne sérénité, bien-être, offrant les conditions du vivre-ensemble. En attendant, donc, le lancement de la police de proximité, telle qu’annoncé par le représentant du gouvernement, avant de définir les missions dont elle serait affectée, les villes algériennes restent la proie de ce phénomène, qui peut frapper n’importe où et avec n’importe quel moyen.
Farid Guellil