Le Maroc n’arrive pas à sortir du gouffre financier même avec l’appui de son allié émirati.
L’opérateur Maroc Telecom détenu à 53% par les Emirats arabes unis est condamné à verser une indemnité de 639 millions USD au profit de l’entreprise Inwi, et ce pour concurrence déloyale. Si tant est qu’il en dispose, reste-t-il un tantinet de la souveraineté du Maroc ? Sur le plan économique, par exemple, puisqu’il en est question ici, la mainmise des Émirats arabes unis sur le marché marocain des télécommunications, dont il dispose de 53% rien que dans l’actionnariat de Maroc Telecom, n’a rapporté que ruine à ce secteur stratégique qui échappe à tout contrôle de l’Etat.
En effet, la dernière mauvaise affaire à laquelle a abouti le partenariat maroco-émirati dans le domaine des télécommunications est sortie droit de la cour d’appel de Casablanca qui a condamné Maroc Telecom pour pratiques commerciales illégales au détriment de l’entreprise « Inwi » (Wana Corporate), opérant dans le même secteur et détenue avec les Koweitiens. Cette dernière a déposé une plainte contre MT en 2021, lui reprochant d’avoir profité de sa position de monopole pour exercer une concurrence déloyale sur le marché de la téléphonie fixe. Suite à quoi, en janvier 2023, l’opérateur marocain historique a été condamné à verser une indemnité de 6,36 milliards de dirhams (environ 639 millions de dollars) à son concurrent.
Mais, en faisant appel, il a été pris de court par une décision judiciaire qui va dans le sens de sa perte financière. Puisque Maroc Telecom devra verser le montant de l’indemnité à Inwi pour concurrence déloyale. Selon plusieurs sources médiatiques, marocaines notamment, cette peine a été confirmée, il y a quelques jours, par la cour d’appel de Casablanca. L’entreprise concurrente reproche, plus exactement à l’opérateur historique de « restreindre son accès aux boucles et sous-boucles locales de fibre optique, et par ricochet, au marché du fixe ». La société victime a réclamé 6,85 milliards de dirhams en guise de compensations. Pour sa part, Maroc Telecom estime que les infrastructures en question étaient « le fruit de ses investissements ». Mais, en vain, l’opérateur du Makhzen a été débouté, plus que ça, il a été condamné. D’autant plus que son attitude est « en violation » des « réglementations de partages d’infrastructures télécoms en vigueur depuis juin 2014 ». Conséquence, cela lui a notamment valu, en 2020 déjà, une amende de 3,3 milliards de dirhams, suivie d’une autre en février 2022, à raison de 2,45 milliards de dirhams. Selon les données de l’Agence de réglementation des télécommunications (ANRT), Maroc Telecom détient une part de 59,2% sur un parc de téléphonie fixe national de 2,9 millions d’abonnés. Orange et Inwi se partagent respectivement 23,04% et 17,76% du parc.
Devant cette affaire qui a fait pourtant grand bruit dans les milieux d’affaire, Maroc Telecom s’est gardé de toute déclaration à ce sujet. Ses dirigeants, téléguidés depuis le palais de Rabat, auraient été conseillés de faire profil bas pour limiter les dégâts. Sur le plan politique entendre, car au volet économique la perte sèche subie a déjà fait son effet.
Farid Guellil
Accueil À LA UNE L’OPÉRATEUR DE TÉLÉPHONIE EST CONDAMNÉ POUR CONCURRENCE DÉLOYALE AU DÉTRIMENT DE L’ÉMIRATI...