Dans l’ultime aventure, écrite pour la scène par J.K. Rowling et Jack Thorne, et créée samedi au Palace Theatre de Londres, les personnages sont devenus adultes. Et ce sont leurs enfants qui mènent le sabbat.
Les files d’attente interminables devant les librairies et les cinémas étaient devenues monnaie courante avant la parution de chaque nouvel opus de la saga Harry Potter, mais ce n’est rien comparé à la frénésie provoquée par la pièce de théâtre Harry Potter et l’enfant maudit. Presque dix ans après la sortie du dernier volet littéraire de J.K. Rowling, le gentil sorcier fait son come-back. Mais cette fois sur des planches londoniennes, et c’est d’emblée un véritable succès. Depuis plusieurs semaines déjà, le Palace Theatre de Londres s’était transformé en cour mystérieuse où les spectateurs assez chanceux pour voir le spectacle en avant-première devaient faire vœu de silence. Des badges «Keep the Secrets» («Gardons les secrets») étaient distribués à la fin de chaque représentation. Journalistes et fans devaient s’engager à préserver le suspens de l’intrigue jusqu’au soir de la première, qui a eu lieu samedi 30 juillet. Sur scène, on retrouve le fameux trio Ron, Hermione et Harry sur le parvis de la gare de King’s Cross, là où on les avait laissés lors de leur dernière aventure dans Les Reliques de la mort. L’histoire se passe dix-neuf ans après la grande bataille de Poudlard. Harry et Ginny sont mariés et ont trois enfants. C’est leur fils Albus Severus Potter qui prend la relève et porte l’intrigue tout le long de la pièce. Il est accompagné de son meilleur ami, Scorpius Malefoy, le fils de Drago Malefoy, qui devient malgré lui le personnage favori du public grâce à son excentricité loufoque d’adolescent mal dans sa peau.
Un Harry Potter adulte tout à fait convaincant
Si tout devait les séparer, Albus et Scorpius ont une chose en commun: un héritage familial et un nom de famille difficiles à porter. En quête de reconnaissance, les deux amis entreprennent donc de voyager dans le temps pour réparer les injustices du passé, mais finissent malencontreusement par changer le cours de l’histoire…
Sans Scorpius, Albus Severus, joué par Sam Clemmet, serait un personnage un peu lassant, mais le duo fonctionne plutôt bien et l’amitié forte qui les réunit est touchante. Avec sa démarche anxieuse, son air préoccupé et sa mèche rebelle, Jamie Parker incarne un Harry Potter adulte tout à fait convaincant, bien que beaucoup plus colérique que ce qu’on aurait pu imaginer. Son combat contre les forces du mal se poursuit dans cet ultime ouvrage, où Harry fait une fois de plus preuve de son courage et de sa témérité, mais où il dévoile aussi sa plus grande faiblesse: son fils Albus.
L’actrice Noma Dumezweni a, quant à elle, su faire taire la polémique sur la couleur de sa peau en s’appropriant parfaitement le rôle d’Hermione Granger, au point qu’on en oublierait presque le visage angélique de la jeune Emma Watson.
Des spectateurs bouche bée
Même si J.K. Rowling et Jack Thorne ont voulu écrire une histoire originale, l’œuvre mêle parfaitement le présent au passé, ne lésinant pas sur les flash-back. Certaines scènes sont directement tirées des premiers livres. C’est ainsi qu’on retrouve le jeune Harry enfermé dans son placard sous l’escalier de la maison de famille des Dursley ou encore dans le hall de la prestigieuse école de Poudlard, lors de la cérémonie du Choixpeau où Harry est envoyé dans la maison de Gryffondor. Thorne a fait d’une pierre deux coups. Ces voyages dans le temps enchantent les fans ravis de pouvoir revivre les scènes cultes et rendent la pièce accessible à ceux qui n’ont jamais été pris de passion pour le monde magique d’Harry Potter. Contre toute attente, le texte de J.K. Rowling et Jack Thorne colle parfaitement au besoin de la scène et on pourrait même se demander pourquoi Rowling n’y avait pas pensé plus tôt. La pièce n’a donc absolument rien à envier aux superproductions américaines, bien au contraire.
Des centaines d’amateurs se ruaient sur les premiers exemplaires de la version adaptée de la pièce, disponible en librairie depuis samedi minuit.
Sur scène, les tours de magie et les effets spéciaux deviennent beaucoup plus réels que sur grand écran et ont laissé les spectateurs bouche bée à plusieurs reprises. Le directeur John Tiffany a imaginé des décors vivants, fidèles à l’univers original. Sur scène comme dans les livres, les escaliers dansent, les portraits parlent, et les personnages se métamorphosent sous les yeux des spectateurs. Si les fans sont conquis, n’importe quel amateur de théâtre le sera aussi. C’est un exploit réalisé par Tiffany qui a réussi à intégrer la magie en direct. Selon les rumeurs, la pièce devrait déménager à Broadway en 2018. Difficile de croire que le West End veuille se séparer si tôt de cette création qui pourrait bien être l’un de ses plus gros succès londoniens après Les Misérables.
Quoi qu’il en soit, dimanche, un peu partout dans le monde, des centaines d’amateurs se ruaient sur les premiers exemplaires de la version adaptée de la pièce, disponible en librairie depuis samedi minuit. À New York, ils étaient plus de 500 devant la succursale Barnes & Noble de Union Square. Même enthousiasme à Singapour, où près de 300 adeptes s’étaient massés dès avant 7 heures du matin devant l’entrée de la librairie Kinokuniy. La version française sera disponible le 14 octobre.