Le moment était bien choisi. L’inauguration, dimanche dernier, de la troisième plus grande mosquée du monde par le président Tebboune à moins de deux semaines du mois sacré de Ramadhan, donne une dimension toute particulière à l’événement. Au-delà de son style architectural qui est grandiose, Djamaâ El-Djazaïr s’étend sur plus de 27 hectares. Son minaret de 43 étages est équipé d’ascenseurs avec vue panoramique sur la baie d’Alger. Sa salle de prières peut contenir jusqu’à 120 000 fidèles et ses 12 bâtiments indépendants de la structure principale, font du lieu une majestueuse œuvre civilisationnelle et religieuse au service des fidèles du monde entier. Quittons le béton pour nous intéresser plus longuement sur la spiritualité qui a bercé tant et tant de nos générations. Pour ne prendre comme exemple que la colonisation de notre pays par l’armée française de confession chrétienne, il ne faut jamais oublier que 132 ans qu’aura duré cette occupation avec ses tentatives d’aliénation et de reniement, les Algériens ont toujours su préserver leur Religion : l’Islam. Le colonialisme a pu croire que la conquête était terminée. Que toutes les contrées du pays avaient été soumises. Que la mission de ses pères blancs a pu convaincre quelques âmes faibles. L’immense majorité du peuple algérien restait plus que jamais fortement rattaché à l’Islam. Si fortement que lorsque le 1er Novembre 1954 fut déclarée la Guerre de libération nationale, il y avait deux communautés qui se faisait face. D’un côté les autochtones, tous musulmans, de l’autre les chrétiens venus d’Europe appelés pieds-noirs. À cette époque-là, nos ancêtres pratiquaient l’Islam de la tolérance, du juste milieu, qui rejette toute forme de haine. C’est ce qu’a rappelé le président Tebboune lors de l’inauguration. En abordant le sujet des livres de la bibliothèque de la mosquée, il a déclaré que ces livres « ne doivent pas véhiculer de dérives et d’idées contraires à notre Religion, à nos traditions et à la modération prônée par nos aïeux ». Oui nos aïeux pratiquaient l’Islam authentique qui faisait leur force. C’est-à-dire sans extrémisme, sans haine de l’autre. Ceci ne veut aucunement dire que nos ancêtres n’étaient pas fermes ou n’étaient pas déterminés dans leur foi. La meilleure preuve est inscrite dans notre histoire récente. Durant toute une décennie, le terrorisme, qui prônait l’intégrisme, a tenté de s’imposer dans notre pays. Il a été vaincu malgré la violence et les pertes humaines dans un combat où les Algériens étaient seuls, isolés du reste du monde. Personne ne pourra plus nous faire « la leçon » ou nous donner une autre façon de pratiquer notre Islam. Notre élite religieuse devrait s’engager pour ne pas perdre notre héritage religieux. Nos Imams devraient se saisirent des réseaux sociaux pour faire reculer l’intolérance et la haine. Pour combattre les fléaux sociaux qui vont des manquements à l’hygiène jusqu’aux crimes économiques. Notre élite religieuse doit travailler à la réappropriation de l’Islam de nos parents, de nos grands-parents. Et nous protéger contre l’intégrisme qui secoue le monde musulman dont une partie n’a pas hésité à s’allier au sionisme. Ce qui a du faire se retourner, nos aïeux, dans leurs tombes !
Zouhir Mebarki