Dans notre précédente édition, nous nous demandions, comme tous les observateurs, où, quand et comment l’Iran ripostera-t-il contre le bombardement de son consulat à Damas par Israël. La réponse est venue dans la nuit de samedi à dimanche. C’est une première. Alors que jusque-là, ces deux pays se livraient des batailles sans reconnaissance publique et quelques fois par procuration, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, un pas a été franchi. Ce sont des attaques directes sans masques et assumées publiquement. Cette nouvelle étape dans la relation conflictuelle entretenue par les deux parties laisse augurer une escalade militaire directe dont nul ne peut prédire jusqu’où elle ira. Déjà l’Iran a tenu à avertir, juste après son attaque contre Israël que « L’affaire peut être considérée comme close… (mais) si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère ». Pour le bilan, les frappes ont « atteint leurs objectifs avec succès » a annoncé l’armée iranienne. Il est à relever cette implication directe de plusieurs pays occidentaux pour contrer les tirs iraniens. Les Etats-Unis comme il fallait s’y attendre mais aussi la France qui de ses bases en Irak et en Jordanie a actionné la défense aérienne pour neutraliser les drones et missiles iraniens au moment où ils survolé l’espace aérien de ces deux pays. Ce qui démontre qu’une guerre entre l’Iran et Israël ne peut pas être une guerre entre deux pays mais d’un pays contre plusieurs pays occidentaux alliés d’Israël. D’ailleurs une réunion du G7 (pays les plus riches de la planète sauf la Chine, l’Inde et la Russie) a été aussitôt convoquée en visioconférence par Joé Biden. À noter que l’attaque israélienne contre le consulat iranien n’a été condamnée par aucun pays occidental. Par contre tous se liguent pour défendre Israël. Une autre absurdité : chacun sait que Tel Aviv ne respecte ni l’ONU ni ses résolutions. Il n’empêche qu’Israël a aussitôt demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour « condamner sans équivoque l’Iran … (et) désigner le CGRI (Conseil des Gardiens de la Révolution iranien, NDLR) en tant qu’organisation terroriste ». Ainsi va la politique. De son côté Téhéran affirme avoir agi en toute légalité conformément à « l’article 51 de la Charte de l’ONU » relatif à l’état de légitime défense. Le ministère des affaires étrangères iranien a convoqué hier les ambassadeurs du Royaume-uni, de la France et de l’Allemagne pour « leur position irresponsable… et (leur pratique) du « deux poids, deux mesures ». La France a même appelé, hier, ses ressortissants à quitter l’Iran. Une escalade est à craindre car Israël a promis « une réponse » à l’Iran. Selon des observateurs avertis « les États-Unis devront calmer le jeu de leur allié, Israël, pour éviter la surenchère ». Sinon ?…
Zouhir Mebarki
