Depuis plusieurs mois, la FIFA repousse sa décision de suspendre la Fédération de football de l’occupant israëlien, malgré la guerre génocidaire de l’armée sioniste contre les Palestiniens, depuis le 07 octobre 2023, y compris contre le monde sportif du peuple palestinien. L’inaction de la FIFA et son contraste frappant avec sa prise, en 2022, de décision rapide d’exclure la Russie, sur fond du conflit en Ukraine, soulèvent de vives critiques. Pourquoi cette différence de traitement, de politique de deux poids deux mesures, et jusqu’où la FIFA peut-elle faire fi du drame des sportifs Palestiniens ?
Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant dans la lutte des Palestiniens contre l’occupation sioniste et la montée en puissance de l’agression militaire de l’entité sioniste contre le peuple palestinien. Depuis cette date, le ministère de la Santé de Ghaza rapporte un bilan glaçant de 43 374 martyrs et 102 261 blessés, dont la majorité sont des enfants et des femmes. Parmi les martyrs palestiniens, figurent 524 sportifs, dont 341 footballeurs, sont tombés en martyrs, victimes des bombardements barbares de l’aviation militaire sioniste et des tirs de soldats israéliens, depuis le début de leur opération terrestre contre les Ghazaouis. Pour les Palestiniens, le sport est bien plus qu’une passion : c’est un symbole de résilience face à un système politique colonial, qui n’a que trop duré, depuis 1948. Mais pour les autorités de l’occupation sioniste, toute expression palestinienne, doit être écrasée, étouffée, et plus encore réduite au silence.
Naji Al-Baba, un martyr de 16 ans, cible de l’oppression coloniale
Parmi ces victimes, le jeune Naji Al-Baba, âgé de seulement 16 ans, a perdu la vie, dimanche dernier, sous les balles des forces d’occupation alors qu’il se trouvait à l’entrée nord de Halhul, en Cisjordanie occupée. Le martyr Naji, joueur du club de football local, rêvait de représenter les couleurs de son peuple par le sport, mais le colonisateur l’ a ciblé . Il est le dernier nom ajouté à la longue liste de martyrs sportifs palestiniens, marquant profondément le cœur de ses fans, son peuple et les soutiens de la cause palestinienne à travers le monde. Un énième crime de la guerre sioniste qui ne fait aucun cas des vies du peuple palestinien, dont celles des bébés prématurés ciblés, dès les premiers mois de l’agression contre Ghaza, à ce jour.
La Fédération palestinienne de football (PFA), en dénonçant les crimes coloniaux , dont le martyr Naji, souligne la « violence insensée exercée par l’occupation ». Le sport, qui devrait incarner la paix et la fraternité, est devenu, pour l’armée israëlienne, un champ de bataille où les jeunes Palestiniens paient le prix fort. La PFA a demandé l’exclusion de la Fédération israélienne de football de toutes les compétitions internationales, énumérant les crimes perpétrés contre les sportifs palestiniens : assassinats, destructions d’infrastructures, arrestations, emprisonnements etc.. sans manquer de dénoncer également l’ inclusion, en violation du droit international, de clubs issus de colonies illégales dans les compétitions officielles.
Naji Al-Baba n’est pas le seul footballeur à être tombé en martyr, ce mois-ci. Quatre autres joueurs palestiniens de football, tous originaires de Ghaza, ont récemment rejoint la liste des martyrs : Louay Jabr et Anas Yahya du club des Services de Jabalya, du nord de Ghaza, Wahib Odeh du club Al-Mashtal, et Ihab Abu Sultan du club Hilal Ghaza. Ces jeunes sportifs tombés martyrs dans des bombardements de l’aviation militaire sioniste, visant en vain à briser toute forme de résistance, y compris des passes de ballons sur les décombres de Ghaza. Selon les rapports locaux, Louay et Anas ont été pris pour cible dans le quartier, dit Projet Beït Lahia, au nord de Ghaza, tandis que Wahib et Ihab ont été martyrs dans d’autres frappes sionistes contre la Bande de Ghaza. Pour les clubs sportifs palestiniens, ces jeunes étaient bien plus que des joueurs, ils représentaient l’espoir d’une jeunesse, défiant l’occupation, en portant des rêves et les couleurs de leur peuple. Leur perte est un coup dur pour leur proches, mais également une sonnette d’alarme, la énième, à l’encontre de ceux qui entravent l’émergence d’un monde où le sport unit plutôt qu’un terrain où se joue la politique de deux poids deux mesures.
Infrastructures en ruines et des arrestations arbitraires
Les infrastructures sportives palestiniennes sont elles aussi la cible des frappes militaires de l’occupant sioniste. Depuis le 7 octobre 2023, 83 installations sportives ont été détruites, dont 64 situées dans la bande de Ghaza. Ces infrastructures, bâties souvent à force de sacrifices et de travail acharné, sous un blocus imposé contre les ghazaouis, depuis 2006, sont aujourd’hui réduites en décombres. Pour les Palestiniens, la destruction de ces lieux est une tentative d’effacer toute trace de vie et de culture, un acte qui dépasse la simple répression militaire de l’occupant pour s’apparenter à « une guerre d’annihilation aussi culturelle ».
Par ailleurs, 23 joueurs palestiniens, dont trois originaires de Ghaza, ont été arrêtés ces dernières semaines, détenus arbitrairement et privés de leurs droits fondamentaux, comme le stipule les conventions de Genève. La politique coloniale vise à paralyser le mouvement sportif palestinien et à annihiler, en vain, tout symbole de fierté et d’unité nationale.
Une FIFA silencieuse face aux martyrs sportifs
Malgré l’ampleur de la tragédie, la FIFA reste passive, ignorant les appels incessants de pays er d’organisations de défense des droits de l’Homme. Ce silence qui n’est pas fortuit, contraste amplement avec l’exclusion immédiate de la Russie en 2022. L’inaction de la FIFA, arguant depuis des mois des enquêtes en cours, soulève des questions : pourquoi une organisation censée incarner des valeurs universelles de fraternité et de paix reste-t-elle sourde et inerte, non seulement aux appels précités à rendre justice, mais à la mort de nombreux footballeurs palestiniens par l’adhésion israélienne ? Les rapports et les résolutions des Nations unies faisant état depuis des décennies, de l’impératif fin de l’occupation sioniste, a appelé, sans cesse, par son SG, « à la fin immédiate de la guerre » . Septembre dernier, l’ONU a exigé la fin de l’occupation dans un délai d’un an, et des sanctions en cas de non-respect de cette exigence. Cependant, la FIFA a choisi de reporter encore sa décision, évoquant le besoin de mener de nouvelles enquêtes, ignorant sciemment l’urgence de la situation, notamment humanitaire.
Il avait marqué l’histoire du club Ahli Ghaza avec ses 114 buts
En Palestine, le sport n’est pas seulement une activité : il représente une forme de résistance populaire, un cri de liberté dans un monde, ou les pays occidentaux confortent par leurs soutiens, le génocide des Palestiniens , depuis plus d’une an. Barakat, qui avait marqué l’histoire du club Ahli Ghaza avec ses 114 buts, est devenu une légende pour les enfants et les jeunes de Ghaza. Sa mort, tout comme celle de tant d’autres, rappelle que la guerre et l’occupation en Palestine visent aussi l’ esprit palestinien. Pour les Palestiniens, chaque match joué, chaque but marqué est un cri et un slogan retentissant en sont une réponse à l’oppression coloniale. Le football est aussi un autre chemin et une manière de clamer leur existence face à l’entité sioniste et ses soutiens. Mais cette force inspire crainte et un défis à l’occupant, qui considère que le « bon Palestinien est le Palestinien mort ».
Alors que des milliers de voix s’élèvent pour dénoncer les actes de l’entité sioniste, la FIFA, par son silence, se rend complice des crimes contre l’humanité commis par l’occupant sioniste . En repoussant sans cesse toute sanction, elle envoie le message que la vie des footballeurs palestiniennes ne compte pas; ce qui n’a pas été le cas, par sa position en faveur de l’Ukraine . Que vaut alors l’engagement de la FIFA, dans ses discours pour l’humanité, si les valeurs de justice , de fraternité ne s’appliquent pas à tous, dont les plus vulnérables ?
L’indifférence de la FIFA face aux martyrs sportifs palestiniens est en opposition des valeurs qu’elle prétend défendre. Les Palestiniens, malgré la douleur, continueront de jouer et de célébrer la vie, car leur résistance est plus forte que le silence de certains, les murs, les balles et les bombes. La FIFA devra, sans nul doute, un jour répondre de sa politique en question : combien de martyrs, dont des athlètes, faudrait-il encore, avant que le monde du sport ne tourne enfin son regard vers …. le peuple palestinien ?
Mohamed Amine Toumiat
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