« Koull sbââ be senâa » disaient nos grands-mères pour vanter les qualités de leurs filles en âge de se marier. Elles exprimaient ainsi les multiples « formations » transmises, in situ, aux filles dès l’enfance. Cette expression tirée de notre patrimoine immatériel, démontre l’importance accordée par notre société à la formation qui pouvait, ensuite, trouver un prolongement professionnel. Historiquement, beaucoup de couturières pour les besoins de leur ménage, élargissaient leur savoir-faire grâce au « bouche à oreille », à une clientèle extérieure, qui générait un appoint non négligeable aux ressources financières assurées par les pères, frères et fils. Depuis l’Indépendance du pays, les jeunes filles ne sont plus cloîtrées à la maison et peuvent donc rejoindre les structures de formations, publiques et privées, et choisir les mêmes filières, sans exception, que les garçons. Hier, c’était la rentrée de la formation et de l’enseignement professionnels, pour les élèves de tout le pays. Ils étaient 672 000 filles et garçons, à avoir rejoint les bancs des centres et instituts de la formation professionnelle. L’offre de formation est aussi diverse que variée. La couture et le tricotage existent toujours au milieu d’une panoplie de filières qui ne cesse de s’élargir. Une carte de formations spécifiques et adaptées aux besoins réels du marché du travail de chaque région du pays. Comme, par exemple, le brevet de technicien supérieur (BTS) en exploitation des stations de dessalement de l’eau de mer implantées le long du littoral. Sans oublier toutes les spécialités en relation avec l’informatique et la numérisation qui bat son plein dans notre pays. Souvent, à la fin de la formation, l’emploi est assuré. En fait, le vrai problème, c’est l’image même de la formation professionnelle qui a besoin d’être restaurée, de retrouver ses lettres de noblesse. La prochaine ouverture des lycées techniques et l’introduction du Bac professionnel, seront un puissant levier de cette indispensable réhabilitation. Et s’il fallait une autre preuve de la considération à accorder à la formation et aux métiers, il faut se souvenir du cas de notre héros national, le chahid Didouche Mourad. Après avoir effectué son cycle primaire à l’école de « la placette » d’El-Mouradia (ex : la Redoute), il a rejoint le lycée technique du Ruisseau (actuellement El-Annasser) où il a obtenu son baccalauréat professionnel. Sa prédisposition de visionnaire et ses capacités d’organisateur hors pair, démontrent que la formation professionnelle n’est pas faite spécialement pour les échecs scolaires. C’est l’immense Didouche qui a été le rédacteur de la déclaration du 1er Novembre, conscient du sacrifice de sa vie qu’il offrait à l’Algérie et aux Algériens. Ce n’est pas assez dit mais Didouche Mourad est l’illustre élève de la formation professionnelle. Le redire avec insistance, contribue à rehausser l’image de ce secteur trop longtemps laissé en « jachère ». Des fortunes peuvent se cacher sous un diplôme de la formation professionnelle !
Zouhir Mebarki