Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a mené jeudi trois attentats suicide contre les forces progouvernementales en Libye dont l’un a fait dix morts à une centaine de km à l’ouest de Syrte, fief de l’organisation jihadiste assiégé, selon des responsables. Le 12 mai, les forces alliées au gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, ont lancé une vaste offensive pour reprendre à l’EI la ville côtière de Syrte, son principal bastion en Libye situé à 450 km à l’ouest de la capitale Tripoli.
Après avoir réussi la semaine dernière à encercler Syrte de toutes parts et à y entrer, les forces pro-GNA ont été ralenties dans leur progression par les contre-offensives de l’EI et les attentats suicide notamment. Jeudi, les jihadistes ont également réussi à frapper l’ennemi dans ses positions éloignées de la ville de Syrte, qu’ils contrôlent depuis juin 2015. Dix membres des forces pro-GNA ont ainsi été tués et sept blessés dans «un attentat perpétré par Daech (un acronyme arabe de l’EI) à Abou Grein», une ville située à 130 km à l’ouest de Syrte, selon une source médicale.
Dans un communiqué, le centre d’information de l’offensive anti-EI a précisé qu’un kamikaze à bord d’une voiture piégée a foncé contre un check-point à l’entrée d’Abou Grein, ville reprise à l’EI aux premiers jours de l’offensive.
Les pro-GNA ont affirmé avoir en outre mis en échec deux attentats suicide de l’EI à Syrte. «Nos forces ont réussi à faire exploser deux voitures piégées avant que les kamikazes ne parviennent à nos positions», a ajouté la même source, en précisant que l’EI avait mené de nombreux attentats depuis dimanche à Syrte. Sur Twitter, l’EI a revendiqué deux attaques à la voiture piégée à l’entrée de Syrte perpétrées selon le groupe jeudi par un combattant tunisien et un autre égyptien.
«Tactique habituelle»
Les jihadistes ont lancé cette semaine plusieurs contre-offensives pour desserrer l’étau autour d’une zone de 5 km carrés allant du centre au nord de Syrte, où ils sont encerclés par les pro-GNA qui peinent à avancer.
Dans cette zone résidentielle, les jihadistes se cachent dans les maisons, ont des francs-tireurs sur les toits, ont disséminé des explosifs et ont recours aux kamikazes pour faire face aux pro-GNA.
Depuis le début de l’offensive, 164 membres des pro-GNA ont été tués et des centaines blessés, selon des sources médicales.
Le bilan des pertes jihadistes n’est pas connu, ni celui d’éventuelles victimes civiles. L’EI aurait quelque 5 000 combattants en Libye, selon des responsables américains. La majorité d’entre eux seraient à Syrte. Il y aurait à Syrte quelque 30 000 civils.
Pour combattre ses ennemis «lorsqu’il perd du terrain, (l’EI) a recours à sa tactique habituelle: les attaques terroristes», souligne l’expert Mattia Toaldo, du groupe de réflexion European Council on Foreign Relations, «Frapper à Abou Grein montre qu’ils (les jihadistes) sont présents au-delà de Syrte» et qu’ils peuvent frapper également à Misrata», ajoute-t-il. L’opération anti-EI est placée sous un commandement conjoint basé à Misrata, à 200 km à l’ouest de Tripoli. Elle implique des milices implantées dans des villes de l’ouest, principalement celles de Misrata qui sont les mieux armées avec des avions MiG et des hélicoptères d’attaque.
Participent aussi à l’offensive les Gardes des installations pétrolières et des unités de l’armée.
Les milices sont formées d’ex-rebelles ayant fait tomber en 2011 le régime du dictateur Mouammar Kadhafi et ayant refusé ensuite de déposer les armes. Néanmoins un gouvernement parallèle installé dans l’est du pays refuse de céder le pouvoir au GNA dirigé par Fayez al-Sarraj.