66 ans après, jour pour jour, la Tunisie et l’Algérie commémorent la sauvage agression aérienne du colonialisme français contre la ville de Sakiet Sidi Youssef. Le 8 février 1958, à 11 heures, une nuée d’avions (25 au total) assombrit le ciel de la petite ville au Nord-Ouest de la Tunisie. Tout à coup des explosions et des mitraillages sèment la mort sur le marché grouillant de monde et parmi les enfants de l’école primaire toute proche. Ces deux cibles de civils dénotent la haine et la barbarie de l’armée française. L’enfer dura une heure. Après le départ des avions pas moins de 200 victimes gisaient au sol. Les blessés gémissaient au milieu des morts dont beaucoup de petits écoliers qui étaient en classe. Le gouvernement français justifiait l’agression par « le droit de poursuite » des combattants de l’Armée de libération algérienne (ALN) qui s’étaient repliés en territoire tunisien pour reprendre des forces. L’événement restera gravé dans l’histoire comme étant le lien du sang très fort qui unit le peuple tunisien au peuple algérien. Ceci, indépendamment du fait que bien avant et de part et d’autre de la frontière algéro-tunisienne s’étaient constituées des familles dont les enfants sont, aujourd’hui, la meilleure illustration de la fraternité qui règne entre les deux peuples.
Le niveau de coopération bilatérale entre les deux pays est remarquable. Les commissions d’échanges et de coopération se multiplient et concernent plusieurs secteurs et volets économiques. À titre d’exemple, c’est ainsi qu’en octobre dernier et à l’issue de la 22ème session de la haute commission mixte algéro-tunisienne, pas moins de 26 accords ont été signés dans tous les domaines allant de l’énergie à la protection sociale en passant par le tourisme, le transport et d’autres encore. Quelques semaines avant, s’était tenue la 5ème session de la commission mixte de suivi des échanges commerciaux. Plus près de nous, à la fin du mois dernier, a été signée la feuille de route de la 1ère commission bilatérale de promotion et de développement des régions frontalières algero-tunisiennes.
L’Algérie n’a jamais hésité pour venir en aide à la Tunisie lors des moments difficiles comme lors du recul des activités du tourisme causé par le terrorisme et aggravé par la pandémie de la COVID 19. En 2021 c’est un prêt algérien de 300 millions de dollars à taux d’intérêt préférentiel qui a été consenti à la Tunisie.
En 2022, c’est un autre prêt de 200 millions de dollars toujours de l’Algérie à taux préférentiel, auquel est venu s’ajouter un don de 100 millions de dollars. Au cours de ses rencontres avec la presse, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réaffirmé plusieurs fois que « l’Algérie ne laissera jamais tomber la Tunisie ». Une promesse qui ne peut qu’être validée par l’esprit de Sakiet !
Zouhir Mebarki