Depuis l’éclatement de la crise diplomatique entre l’Algérie et la France, les membres du Gouvernement français qui ont fait siennes les attaques en règle contre l’Algérie multiplient les sorties de piste. Le flot d’injures, d’insultes et de provocations auquel nous ont habitués, avec une fréquence soutenue, le Premier ministre, François Bayrou, et le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, était au comble. On le sait, cette escalade verbale a fait le lit des actes hostiles qui ont alimenté ensuite la posture belliciste des autorités françaises. Les choses ont eu le mérite d’être claires aujourd’hui. Paris a fait le choix de la confrontation. Et ce n’est pas le président français – à son cœur défendant ? – qui va nous amadouer avec ses appels à demi-mot à l’apaisement avec l’Algérie. Emmanuel Macron qui, lui-même, était à l’origine de la crise pour avoir déclaré la reconnaissance française de la « marocanité » du Sahara occidental. Depuis, les langues fourchues à l’encontre de l’Algérie se sont déliées. Ça a commencé avec l’activation des leviers de chantage à travers l’affaire Boualem Sansal et les épisodes des influenceurs (Doualemn), des OQTF « renvoyés » d’Alger, du maltraitement réservé aux voyageurs algériens à Paris ou encore de l’attentat terroriste de Mulhouse, jusqu’aux manœuvres militaires franco – françaises prévues près de nos portes Sud. Les responsables français en avaient plein la bouche ! Toutefois, les nombreux dérapages, commis sciemment ou inconsciemment, par les responsables français, ont mis à nu de graves incohérences frappant la communication des uns et des autres. Bien entendu, il est question du discours officiel et non pas du narratif des partisans de l’extrême droite qui alimentent la haine de l’Algérie. Bien que, un raciste comme Retailleau a joué le jeu de la nébuleuse anti-algérienne pour courtiser l’électorat en prévision des échéances partisanes et électorales. Combien de fois Macron a-t-il « recadré » Bayrou et Retailleau dans leur emportement relatif à l’accord de 1968 sur l’immigration ? Macron a beau cherché « l’apaisement » avec Alger, Retailleau continue à faire la tête de mule. En pleine campagne pour la présidence des Républicains, hier, le ministre de l’intérieur a rebondit sur l’attentat de Mulhouse, déclarant avec un ton provocateur qu’« il n’aurait pas eu lieu, si l’Algérie avait respecté le droit et ses obligations. » Pendant ce temps, la presse française se fait l’écho de ces ambivalences dans le discours. Elle reproche à Bayrou, par exemple, de méconnaitre les dossiers liés à l’immigration et à l’accord de 1968 qu’il menace de dénoncer avec l’Algérie. En présentant les victimes de l’attentat de Mulhouse comme les « victimes directes du refus d’application » de cet accord, Bayrou est tombé dans les travers. Tout comme Retailleau, le chef de l’Exécutif français doit revoir ses notes avant d’ouvrir la bouche sur l’Algérie.
Farid Guellil