Certes la dynamique n’est pas la même qu’en juin et juillet derniers, mais les rentrées universitaire et scolaire et le début de l’automne, saison propice à la circulation des virus, annoncent des jours difficiles, préviennent les spécialistes de la santé publique qui craignent un rebond des infections et son impact sur la saturation des établissements hospitaliers. Malgré que les autorités sanitaires notent une amélioration sensible de la situation épidémiologique de la Covid-19 avec l’inflexion des cas de contamination enregistrés, la crise sanitaire ne faiblit pas. Selon les statistiques de ministère de la Santé, dans la majorité des wilayas le nouveau coronavirus est en recul ou beaucoup moins présents, voire « disparu »; 20 wilayas ont recensé zéro cas vendredi dernier. Mais les professionnels de la santé et le personnel hospitalier s’inquiètent devant certaines mégapoles qui présentent des caractéristiques épidémiologiques alarmantes comme Alger et Oran, qui ont recensé des taux élevés de contamination, respectivement 6 002 cas et 4 054 cas depuis l’apparition de la Covid-19 dans le pays. Parmi les wilayas qui comptent aussi beaucoup de cas d’infection, on retrouve également Blida, Sétif, ou encore Béjaïa. Avec cette « remontée légère » des cas dans les wilayas les plus peuplées du pays, les autorités sanitaires craignent en effet la dégradation de la situation sanitaire, c’est-à-dire un rebond de l’épidémie, même si pour l’instant les officiels se montrent optimistes. Et les arguments confirmant ce à quoi s’attendent les alarmistes ne manquent pas : les rentrées universitaire et scolaire qui approchent avec déjà des violations constatées par les syndicats et les parents d’enfants des protocoles sanitaires à appliquer dans les établissements.
Les spécialistes craignent également que l’assouplissement des restrictions sanitaires pour freiner l’épidémie de la Covid-19 décidé récemment par les autorités ne fasse croire aux citoyens la fin de l’épidémie. Comme l’illustre clairement le cas de l’annulation de l’obligation de port du masque en voiture et résultat : presque personne ne porte un masque derrière le volant, constate-t-on dans plusieurs villes et quartiers de l’Algérois. En effet, de plus en plus d’Algériens adoptent des comportements de relâ- chement des consignes sanitaires et de la distanciation sociale, et une partie de la population contestent même l’utilité de ces mesures et minimisent la menace d’une probable contamination. Le port du masque et le respect de la distance entre citoyens dans les espaces fermés et de rassemblement ou aussi dans les transports publics sont moins respectés, particuliè- rement, hélas, chez les jeunes qui continuent à croire que le virus touche essentiellement les vieux et les obèses. Au-delà de ce « laisser-aller » et « négligence » des citoyens, les spécialistes de la santé redoutent aussi le déclenchement d’une nouvelle vague de contaminations au coronavirus, notamment avec l’arrivée de la saison grippale coincidant avec le début de l’automne, où les virus circulent plus facilement – des chercheurs s’interrogent en effet sur les effets de la coexistence de la grippe saisonnière avec le Covid-19 -. Un tel scénario surchargera le personnel hospitalier et médical, déjà épuisé par la lutte de sept mois sans relâche contre le coronavirus. Cette éventualité fait très peur dans le milieu médical et de la santé publique, alors que d’aucuns commencent à dire que la saison grippale de cette année correspondra à ce qui semblerait le début de la deuxième vague de la pandémie de coronavirus dans le monde. Et même s’il n’est pas certain que la grippe rende une infection au Covid-19 plus dangereuse, certains professionnels de la santé soupçonnent que cela pourrait advenir. Les deux virus attaquent le système respiratoire. Ils présentent également des symptômes si similaires qu’il est difficile même pour les médecins de les distinguer sans un test. En Europe, notamment la France et l’Espagne, qui retournent au confinement et l’adoption de restrictions sanitaires très strictes, les infections s’aggravent avec le départ en hausse de nombre de décès. En Algérie, les cas détectés Covid-19 ont « légèrement augmenté» au cours de la semaine dernière, selon les statistiques fournies par le Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandé- mie du Coronavirus. La reproduction du scénario de juin et juillet derniers impacterait très fortement le pays, et au premier rang le personnel hospitalier.
Hamid Mecheri