Dans quelques jours, 38% des quelque 800 000 candidats qui ont passé les épreuves du baccalauréat en ses dates initiales, reprendront le chemin des centres d’examen qui leur seront désignés. Et ce, pour prendre part à la session de rattrapage partielle décidée par les pouvoirs publics à la suite des fuites (de sujets) qui ont entachéson déroulement. Et affecté un certain nombre d’épreuves dans quatre filières : celles de «sciences expérimentales», de «mathématiques», de «techniques mathématiques» et de «gestion-économie». Selon nombre de sources,cette session (de rattrapage) sera marquée par la prise de mesures drastiques visant à empêcher toute réédition des graves faits qui ont eu lieu tout au long des cinq jours qu’a duré la session ordinaire. On parle, en effet, de faire imprimer les copies des sujets dansun établissement spécialisé de l’ANP, et, durant toute la durée des épreuves de cette dernière, de suspendre la 3G et de bloquer les réseaux sociaux. Une décision prise et des mesures annoncées qui n’ont pas empêché les débats et la polémique sur le premier examen national de fin d’année de se poursuivre. Sur, principalement, l’efficience ou pas de l’organisation d’une session de rattrapage partielle ; les objectifs réels visés par les auteurs et les commanditaires de ces fuites ; les sanctions encourues par ces derniers, surtout que des sources médiatiques ont fait état de la qualification, par les parties compétentes, des actes commis, de « divulgation de secrets d’Etat et d’agissements contre la sécurité nationale» – ce qui, ontajouté ces mêmes sources, fait encourir à leurs auteurs et commanditaires le risque d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 années de privation de liberté ; et « les changements dans l’organisation et la programmation des examens de fin d’année, notamment du bac», évoqués par la ministre de l’Education nationale, dans la conférence de presse qu’elle a animée avant-hier. C’est, précisément, sur ces différents points qu’ont porté les entretiens que nous avons eus, hier, par téléphone et séparément, avec Mohand Arezki Ferrad, cadre de l’Education nationale à la retraite et ancien député, durant la législature 2002-2007, du FFS, et Messaoud Amraoui, membre de la direction nationale de l’UNPEF (Union nationale des professionnels de l’éducation et de la formation) où il est chargé du «réseau de formation». Sur la pertinence ou pas de la tenue de la session de rattrapage partielle, leurs avis sont divergents. Pour l’ancien député du FFS, qui durant tout l’entretien s’est exprimé en sa qualité «de pédagogue», il fallait «impérativement aller vers une autre session globale». Et ce, dans l’objectif, a-t-il expliqué, «de redonner toute sa crédibilité au baccalauréat». Débordant sur la réponse à la deuxième question,Mohand Arezki Ferrad nous a, en effet, déclaré que «les auteurs de cet acte criminel visaient, en s’attaquant à celle du plus important des examens nationaux de fin d’année, à porter atteinte à la crédibilité de l’Etat ». Quant au membre de la direction nationale de l’UNPEF, il nous a fait part de sa satisfaction quant à la décision d’organiser une session de rattrapage partielle. Non sans nous rappeler «le refus initial de la tutelle d’aller vers une telle solution et son revirement après la pression exercée par les syndicats ». Dans la lancée, rejoignant en cela la position de notre premier interlocuteur, il n’a pas manqué de s’interroger « sur l’absence de réaction immédiate du ministère aux fuites enregistrées».
Et d’expliquer : «Le ministère avait, à chaque fois, toute la latitude pour remplacer les sujets fuités par d’autres de rechange, déjà préparés : entre le moment où ceux-ci étaient mis sur le net et le début des épreuves, il s’écoulait à chaque fois une dizaine d’heures». Un constat qui lui a fait dire, quelque peu sibyllin,que «si des parties avaient des comptes à régler entre elles, elles n’avaient pas à prendre en otages nos enfants».
De là, assurément, son appel à des peines très lourdes contre les auteurs et les commanditaires des fuites en question. Qui doivent, nous a-t-il dit, non sans colère, «aller au-delà des 15 années dont on parle». Sur le même point, l’ancien député du FFS s’est voulu plus légaliste en demandant l’application de la loi en vigueur.
Mourad Bendris