L’approche des élections législatives fait raviver la flamme des redresseurs et autres mécontents, parmi ceux écartés des rangs du FLN, depuis août 2013, lorsque l’actuel secrétaire général du parti, Amar Saâdani, fût intronisé en poste. Les ennemis jurés du chef de l’ex-parti unique rejaillissent à nouveau et comptent croiser le fer avec leur adversaire.
Le procédé choisi cette fois-ci n’est pas étranger aux démarches déjà entreprises auparavant par l’opposition du FLN qui a tenté à maintes reprises de lancer des campagnes politico-médiatiques, visant à déboulonner l’homme puissant du parti majoritaire. «Récupérer le FLN et le remettre sur rail» font aussi partie des objectifs des initiateurs de ces mouvements. En effet, à la seule différence près, les chefs de file de cette mouvance se font passer le flambeau. Après les tentatives avortées menées par les Abderrahmane Belayat, Abdelkrim Abada, Kassa Aïssi et compagnie, c’est au tour de l’ex-responsable aux commandes de ce parti, Abdelaziz Belkhadem, qui veut reprendre les poils de la bête après avoir perdu sa place au sein du parti, alors qu’il a été éjecté de la présidence de la République, une année plus tôt, soit en septembre 2012, en sa qualité de ministre d’État, représentant personnel d’Abdelaziz Bouteflika. Très mécontent de son sort, l’ex-chef du gouvernement, devenu sitôt indésirable aussi bien à l’intérieur de l’entourage présidentiel que parmi les partisans de Saâdani, veut rebondir. Une réapparition qui ne peut qu’être liée aux joutes électorales à venir, dont les plus proches en date sont les législatives, qui auront lieu dans moins d’une année. Même si, l’ambition de Belkhadem quant à son retour probable à la tête de la formation politique proche du pouvoir n’est pas tout aussi à exclure. En effet, à l’exception des campagnes de fronde menées par le passé, et qui ont comme objectif commun «la réhabilitation du vrai FLN et l’éviction de Saâdani à sa tête», tous les redresseurs et tous les militants et cadres se sentant lésés, et ceux qui ne se reconnaissent pas dans le FLN, version Saâdani, sont invités à s’agréger à l’initiative. C’est ainsi, qu’à cet effet, une rencontre a eu lieu avant-hier, entre Belkhadem, Belayat et Layachi Daâdoua, pour n’en citer que les têtes pensantes de cette mouvance, qui réclament le changement au sein du parti. Ceci, comme message destiné à la consommation publique, sachant que les intentions de leur retour au devant de la scène constituent un objectif inné, dans la mesure où, ni leur lettre adressée au chef de l’État, à même de les réhabiliter dans le parti, ni leur saisine du Conseil de l’État au sujet du 10e congrès très controversé, n’ont eu le retour espéré et attendu.
L’initiative tourne autour de la fédération des rangs des opposants à l’ex-président de l’APN, pour lancer une offensive commune forte, à même de pouvoir «réapproprier» le sigle FLN et «le remettre» sur sa ligne directrice originelle suivant l’esprit de Novembre, comme l’entend l’expliquer l’ancien patron du vieux parti. Pour atteindre cet objectif, Belkhadem a fait donc appel à l’autre aile qui veut redresser le parti pour en faire cause commune, d’autant plus que Saâdani reste la cible des deux parties, et quitte même à laisser de côté les visions idéologiques des uns et des autres, du moins une question à reléguer au second degré de considération, présentement.
Qu’en-est-il du timing ? Visiblement, l’absence avérée de Saâdani et sa direction politique loin de la scène nationale, constitue une aubaine pour les partisans de Belkhadem, aussi circonstanciels soient-ils, pour occuper la scène médiatique dans le but de gagner en audience au dépend de leur adversaire. Sur le plan politique, il est fort probable que cette opposition jouera la carte du discrédit pour porter un coup de fouet à leur ennemi juré, surtout que celui-ci a été accusé d’avoir «injustement» écarté plusieurs cadres à travers une purge qui a fini par les mettre à la porte eux-mêmes. Ce retour inattendu de l’ex-ministre des Affaires étrangères répond-il enfin à d’autres considérations ? En tout cas, à l’heure actuelle il y’a moins de lisibilité politique pour pouvoir apporter une réponse précise. Surtout que, jusqu’à l’heure actuelle, l’initiative la voix de la contestation n’a pas gagné en maturité à même de mesurer son pesant par rapport à la position plus confortée de Saâdani.
Farid Guellil