Les Etats-Unis et la Chine ont annoncé mercredi leur intention de mener conjointement un projet sans précédent de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), mesure phare d’une série d’accords annoncés après une rencontre fructueuse entre Barack Obama et Xi Jinping à Pékin.
Cette annonce par les deux plus gros émetteurs de GES est de bon augure à un an de la conférence annuelle sur le climat, prévue fin 2015 à Paris, qui pourrait déboucher sur un nouvel accord au niveau mondial. A cet égard, la Chine entend atteindre un pic de ses émissions de GES d’ici 2030, après quoi elles devraient diminuer. Les Etats-Unis vont s’efforcer quant à eux de réduire leurs émissions de 26% à 28% par rapport à leur niveau de 2005.
La Chine s’est engagée par ailleurs à faire passer à 20% d’ici 2030 la part d’énergies renouvelables dans sa production énergétique, contre moins de 10% en 2013. Ces engagements sont le résultat de plusieurs mois de discussions entre les deux pays, ont indiqué des responsables américains qui y voient le moyen de donner un «élan» aux négociations en faveur d’un nouvel accord qui pourrait entrer en vigueur en 2020.
«L’annonce faite aujourd’hui marque l’avancée politique majeure que nous attendions», a commenté Timothy E. Wirth, ancien secrétaire d’Etat adjoint. «Si les deux plus grands pays parviennent à s’entendre, à partir de points de vue différents, le reste du monde va considérer cela comme un véritable progrès», a-t-il dit. Malgré tout, les climatologues estiment que ces engagements ne vont pas assez loin pour s’attaquer au problème du réchauffement climatique. «Les objectifs ne sont pas assez ambitieux», a jugé Tao Wang, climatologue au Centre Tsinghua-Carnegie à Pékin. Certains s’inquiètent également de voir les républicains qui ont récupéré la majorité au Congrès à la faveur des élections de mi-mandat vouloir remettre en cause les engagements de l’administration démocrate. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré que la priorité du nouveau Congrès serait «d’alléger le fardeau» de la réglementation environnementale. La rencontre entre Barack Obama et Xi Jinping a duré cinq heures, pendant et après un dîner, soit deux heures de plus que prévu, indiquent des responsables. Il s’agissait de leur premier face-à-face officiel depuis plus d’un an.
DIALOGUE CONSTRUCTIF
Américains et Chinois entretiennent de forts liens économiques et commerciaux mais les deux premières économies de la planète s’opposent sur un grand nombre de sujets tels que les revendications de Pékin sur des îles en mer de Chine, le cyber espionnage, certaines pratiques commerciales ou le respect des droits de l’homme. Le président américain a reconnu que les Etats-Unis et la Chine entretenaient d’importantes divergences mais il a salué la volonté de son homologue chinois de s’engager «dans un dialogue constructif». «Nos deux pays ont beaucoup à gagner du succès de l’autre», a commenté Obama. «Les Etats-Unis accueillent avec satisfaction une Chine pacifique, prospère et stable». Alors que les observateurs ne s’attendaient pas à des avancées significatives lors de cette rencontre, les deux dirigeants se sont accordés sur une série d’objectifs dont certains importants comme sur le commerce ou le climat. Xi, pour qui la coopération sino-américaine peut devenir l’axe de la stabilité mondiale, dit avoir eu des «discussions constructives» avec son homologue américain, ajoutant que les deux pays étaient convenus d’accélérer le dialogue sur un traité bilatéral d’investissement, et d’améliorer la confiance mutuelle dans le domaine militaire. Obama a dit pour sa part que Washington et Pékin s’étaient entendus sur des mesures visant à réduire le risque d’incidents militaires en mer comme dans les airs. La Chine et les Etats-Unis vont oeuvrer ensemble à résoudre les problèmes de la région, dont la crise coréenne, et travailler ensemble à la lutte contre le terrorisme. Les deux chefs d’Etat se sont également engagés à tenter de résoudre les différends qui opposent les deux pays dans le domaine de la cyber sécurité. En mai, les Etats-Unis avaient inculpé cinq officiers chinois pour piratage d’entreprises américaines et vol de secrets commerciaux. Pékin avait exprimé son mécontentement et supprimé un groupe de travail bilatéral sur la cyber sécurité.