Les échanges économiques entre l’Algérie et la Tunisie, ne dépassent pas les 2% dans leurs meilleurs états, alors que de nombreux facteurs permettront de dynamiser les coopérations bilatérales entre les deux pays, à l’image de la proximité, l’absence des visas, les frontières ouvertes et bien d’autres… Le problème de réglementation demeure le grand obstacle des opérateurs économiques algériens et tunisiens notamment. Le président de l’amicale des algériens en Tunisie, Chakib Djouhri a fait savoir à ce sujet, hier, au Forum du Courrier d’Algérie que : « Nous souhaitons que les échanges commerciaux prennent un rythme de croisière plus élevé et plus soutenu. Vous savez nous partageons une bande frontalière très sensible, ou les conditions de développement des zones limitrophes sont très difficiles, et nous aussi nous avons un déficit de développement dans les wilayas frontalières, et je souhaite que les échanges entre les deux pays soient meilleurs à l’avenir. Il y a des facteurs comme l’absence des visas, des frontières fluides et autres, mais il y a d’autres problèmes qui emboitent le pas de développement. Il y a des réglementations qui concernent le déplacement des échanges de matière des échanges financiers, aussi il y a des blocages qui existent à titre d’exemple, le transfert de devise qui reste le grand souci des Tunisiens qui rencontrent souvent ce problème, ils disent qu’on a un problème de rapatriement de notre argent vers la Tunisie, ça se comprend », a-t-il dit. Ajoutant : « Les opérateurs économiques tunisiens présents en Algérie sont généralement dans le domaine des services, ou il n’y a pas un capital d’investissement très important, donc on ramène je crois 1000 euros pour ouvrir un capital d’une entreprise et après on peut avoir accès à des marchés qui vous ramènent en une année un chiffre d’affaire de 100 000 à 200 000 euros, donc avec ce petit capital vous ne vous attendez pas que la banque d’Algérie vous accorde un transfert de 200 000 ou 300 000 euros vers l’étranger, donc ça c’est un vrai problème. Maintenant comment faire pour le résoudre, je pense qu’il peut y avoir des solutions, par exemple, la banque d’Algérie et la banque centrale tunisienne peuvent signer un accord de non-transfert des devises. Si un opérateur tunisien veut transférer 100 000 euros de l’Algérie vers la Tunisie, la banque d’Algérie peut garder les euros, et elle demande à ses homologues de donner l’équivalent à cet opérateur économique son argent en dinars tunisiens, et ce, après la transcription de la monnaie locale des deux pays. Comme ça le devise ne sort ni de l’Algérie, ni de la Tunisie et ç c’est peut être une solution, nous avons proposé cette opportunité auparavant quand j’ai été député », a-t-il signalé. « Nous avons proposé notamment, l’ouverture des banques tunisiennes en Algérie et des banques algériennes en Tunisie, cela, je pense que ça peut faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays et donner plus de transparence, alors que ce genre de transfert d’argent n’aura pas lieu, donc c’est au niveau des flux et des transferts financiers, il y a un grand problème de réglementation. Aussi, au niveau des échanges commerciaux, il y a aussi des problèmes de réglementation, les produits algériens qui se font bloquer aux frontières comme ce fut le cas l’an dernier avec les pommes de terre et les boissons notamment, il faut faire disparaitre ce truc de répression… »
Pour encourager les investisseurs algériens et tunisiens, la révision de certaines réglementations est plus qu’obligatoire afin de leur permettre de s’activer librement, donc avec un taux de 2% des échanges commerciaux entre les deux pays les relations ne peuvent pas être excellentes comme le pensent les autorités des deux pays.
Mohamed Wali
La Tunisie n’est elle pas en train de jour « à l’aise » après le retour des touistes européens ? «Non, la faute est aux agences de voyage !»
S’il y a une question qui fâche et qui s’impose dans les relations touristiques tendues entre Alger et Tunis, notamment depuis le début de l’été, c’est certainement celle liée au retour du flux des touristes européens, après des années de «vaches maigres». Nous avons l’impression forte que tous ces blocages, toutes ces restrictions, voire même cette forme d’hostilité vis-à-vis des Algériens cachent quelque chose. On sent que la Tunisie joue à son aise face aux Algériens, et que maintenant, elle a le choix, puisque les touristes européens reviennent et déboursent à fond l’euro. «Non, affirme Chakib Djouhri, le fait est que certaines formes de dysfonctionnements donnent cette image qui ne correspond pas aux réalités. Les syndicats de l’hôtellerie, comme celui des agences de sécurité, ont eu l’occasion de s’exprimer à travers des communiqués pour dénoncer certains mauvais comportements et parfois certains manquements aux règles de bienséance. Mais dans l’ensemble, les Tunisiens demeurent bienveillants vis-à-vis des Algériens, et la Tunisie officielle tient à ce que cette bienveillance résiste aux aléas du temps». Il est vrai, dit cependant notre hôte, qu’un flux de touristes, russes notamment, a repris la direction de la Tunisie, mais cela ne pousse pas à se détacher de la clientèle algérienne pour autant ». Et de pointer un doigt accusateur sur les partenaires des agences tunisiennes : certaines agences de voyage algériennes : «Nous sommes devant un marché lucratif et performant. Les agences se doivent d’être rigoureuses, de travailler durant toute l’année, pour s’assurer hébergement, alimentation adéquate et loisirs. Or beaucoup de nos agences ne sont pas des agences professionnelles, mais de simples bureaux de liaison, qui travaillent à l’emporte-pièce et s’activent à la dernière minute, quand le meilleur est pris. D’ailleurs, même les autorités algériennes ont dénoncé les indues activités de ces pseudo-agences». Et de confirmer : « La communauté algérienne installée en Tunisie est importante ; ce sont des centaines de milliers, pour ne pas dire des millions de touristes algériens qui prennent le chemin de la Tunisie, et les Tunisiens savent qu’il s’agit d’un pactole à capitaliser et à canaliser, d’un flux à garder et à maintenir, puisque c’est cela même la raison de vivre de ces agences tunisiennes et des officiels tunisiens, qui misent énormément sur les apports financiers du tourisme».
I.M. Amine