Intervenant, hier, sur les ondes de la Radio algérienne, le directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), Slimane Melouka a assuré que le nombre des départs en retraite pour l’exercice de 2018 va baisser d’un tiers comparativement aux deux dernières années. « Nous avons estimés le nombre de départs en retraite pour l’année 2018 à 50 000 personnes, et c’est nettement loin des 150 000 à 200 000 personnes qui sont parties durant l’exercice 2015 et 2016 », a déclaré le DG de la CNR précisant qu’ « une réflexion est engagée en vue de pallier au déficit que connaît la CNR depuis 2014 ». Affirmant que la Caisse à réussi cette année à « freiner l’hémorragie » des départs en retraite, l’hôte de la radio a, cependant, estimé que « l’état des lieux impose de réformer les paramètres ». Selon Slimane Melouka, les cotisations des travailleurs ne suffisent plus à payer les pensions de retraite. « Il faudrait 5 cotisants pour un retraité. Aujourd’hui, on est dans une situation où seulement 2 travailleurs cotisent pour un retraité, ça reste nettement insuffisant », a-t-il expliqué. Actuellement, la CNR verse des pensions directes et indirectes à 3,2 millions de retraités, sur une population globale de 42 millions d’Algériens.
Le DG de la CNR explique la dégradation de la situation financière de la Caisse de retraite par « les départs massifs » de travailleurs en retraite anticipée, au « nombre d’un million », qui sont partis avant l’âge légal (ndlr, 60 ans), particulièrement durant les années 2014 et 2015. Affirmant que la situation financière de la Caisse, s’est nettement dégradée ces dernières années, le DG a rappelé qu’ : « En 2010, la dépense en matière de retraite tournait autour de 350 milliards DA pour une recette de l’ordre de 370 milliards DA. Nous sommes passés en 2012, grâce aux augmentations salariales de l’époque, à une recette de 650 milliards DA pour une dépense d’à peine 600 milliards DA. Par contre, aujourd’hui, on se retrouve avec une situation où les recettes tournent autour de 700 milliards DA, en droits contributifs et en aide de l’État, et une dépense qui va dépasser 1 200 milliards DA à la fin 2018, c’est vous dire, fait-il remarquer, que le déficit s’est nettement accru». Cette situation, selon M. Melouka, a nécessité l’intervention de l’État qui a injecté dans la Caisse de retraite « 500 milliards DA» en 2018. Néamoins, le DG de la CNR a rappelé que la viabilité financière du système national de retraite est assurée actuellement à hauteur d’environ 15% par la contribution financière du budget de l’État. Donnant davantage de précision au sujet des réflexions engagées en vue de réformer la retraite, le responsable a rappelé que « le système mis en place il y a 35 ans a atteint ses limites », précisant qu’« une réflexion est engagée à tous les niveaux et sur tous les paramètres pour étudier la faisabilité d’une réforme sans toucher aux droits des retraités ». Ainsi, la suppression du dispositif de départ anticipé en retraite, ne constitue pas une réforme, selon Melouka mais « un retour à une situation normale, du fait que ce dispositif a été mis en place à titre exceptionnel, dans une conjoncture exceptionnelle ».
Lamia Boufassa