Accueil Edito Les « daeshiens » d’Aïn El Fouara 

Les « daeshiens » d’Aïn El Fouara 

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On les croit ensevelis à jamais, mais les vieux démons quittent leurs tombes et traînent parmi les vivants. Ils se tiennent prêts à attaquer n’importe où et avec n’importe quel moyen. Il est ainsi des actes qui réveillent en nous les douloureux souvenirs de la décennie noire. Ce qui venait de se passer à l’Est du pays est symptomatique à ce sujet. Monument emblématique de la ville de Sétif et site historique, patrimonial et touristique parmi les plus convoités des visiteurs, algériens et étrangers, dans le pays, Aïn El Fouara a fait l’objet, une énième fois, d’un acte de vandalisme. Les faits se sont déroulés ce mardi. Ils sont documentés dans des vidéos authentifiées et en libre accès sur les réseaux sociaux.  Les images nous montrent un jeune homme qui venait d’arracher le visage de la femme nue de la plus célèbre et admirée des fontaines du pays. Cet individu, dont ignore encore l’identité, a été ensuite arrêté par deux policiers qui l’ont conduit vers le commissariat pour enquête. Il faut rappeler que cette œuvre d’art est à son troisième, quatrième, cinquième… bref, on ne compte plus le nombre d’actes de dégradation volontaires qu’elle a subi. Nous nous sommes face à des actes récurrents qui ne laissent aucun doute sur les motivations des auteurs. Tous les actes commis laissent quasiment la même empreinte. Ils sont signés par des fanatiques. Ces gardiens des mœurs qui, lorsqu’ils ne harcellent pas des femmes dans la rue parce qu’elles refusent de se conformer à leur sectarisme, ils s’en prennent à leur symbole incarné par une statue. Quelle lâcheté ! Les auteurs adoptent les méthodes de l’hydre terroriste des années 90. Depuis l’attentat de 1997 lorsqu’une bombe a été placée sous le socle de la dame figée de la fontaine de Sétif, jusqu’à « Abou marto » (l’homme au marteau) qui a refait le sale coup vingt années plus tard. Le fait que nous soyons, cette fois-ci, face à un cas jeune, donne un peu l’idée sur les motivations qui animent la nébuleuse extrémiste. Elle cherche ainsi à frapper les esprits pour prendre le contrôle des masses juvéniles. La frange sociale la plus importante et la plus sensible. C’est exactement ce que faisait le FIS dissous à l’époque. C’est dire que ce que l’on croit être révolu ne l’est pas. Et pas seulement à Sétif. Les vandales récidivent partout. En 2020, la statue présentant une femme parée d’une robe et allaitant son bébé et érigée au centre-ville de Mascara a été saccagée. C’est sans compter ceux qui profanent les cimetières ou saccagent les fresques murales. Toutefois, et bien que le but recherché ne soit pas atteint, les actes commis par ces ennemis de la vie n’ont rien à envier aux actions du terrorisme international. Notamment, la destruction des statues Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan en 2001, les mausolées de Tombouctou au Mali en 2012 ou encore, tout récemment, l’entité sioniste qui s’est lancée dans une entreprise de saccage du patrimoine religieux, historique et culturel palestinien. Face à ces barbares, l’État doit frapper fort ! 

Farid Guellil 

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