« Une histoire qui prend aux tripes » titre le journal français « Le Figaro ». « Le témoignage bouleversant d’un enfant » renchérit la chaîne de télé française « France info ». « Son témoignage n’a laissé personne indifférent au Parlement européen » souligne le média français « Orange ». « Son témoignage a fait vaciller tout l’hémicycle » ajoute un autre. L’enfant dont il est question, a survécu à un bombardement qui l’a défiguré et tué sa maman. Il est vrai que son témoignage au parlement européen où « il était invité » est poignant. Personne ne peut rester indifférent devant les horribles blessures que porte au visage cet enfant âgé d’à peine onze ans. L’eurodéputée qui le traduisait n’a pas tenu longtemps pour fondre à chaudes larmes. Tout être humain normalement constitué aurait été ébranlé par ce petit ange qui incarne l’innocence. Il nous a ému, nous aussi. Après la compassion viennent forcément les interrogations. Comment cet enfant est venu de Kiev jusqu’à Strasbourg ? Qui l’a invité et introduit au Parlement européen ? Aucun média occidental ayant couvert le bouleversant témoignage de Roman Oleksiv, c’est le nom de cet enfant ukrainien, n’a cru bon de poser ces questions aux « organisateurs » pour éclairer l’opinion publique. D’autant que l’on découvrira que l’enfant est venu « demander » à l’Europe de continuer à aider l’Ukraine qui est en guerre. On comprendra aussi qu’après le détournement de 100 millions d’euros par des dirigeants proches du président Volodymyr Zelensky, les parrains de Roman craignaient que l’aide européenne ne soit, conséquemment, bloquée. Malgré tout, les larmes versées par les parlementaires européens ne peuvent pas être des larmes de crocodile. D’autres enfants, de par le monde, subissent eux aussi des violences et meurent. Ceux qui survivent avec de lourds handicaps, assistent, comme le petit Roman, à l’assassinat de leur maman, de leur papa, de leurs grands-parents sans que cela n’émeuve les parlementaires de l’UE. Pire, c’est le vieux continent qui fournit les armes à Israël pour les massacrer. Il s’agit des enfants de Ghaza qui vivent l’enfer depuis plus de deux années. Les larmes européennes semblent très sélectives. À leurs yeux, les enfants palestiniens sont moins émouvants que les enfants ukrainiens. Selon l’UNICEF, à Ghaza « plus de 64 000 enfants ont été tués ou blessés…Plus de 56 000 enfants ont perdu un parent ou les deux ». Tandis que la famine guette « 320 000 enfants ». Un « tableau » qui laisse de marbre les eurodéputés. Mais alors comment Roman a réussi à faire pleurer ces « durs » ? Et obtenir la poursuite de l’aide européenne ? Pendant qu’Israël maintient les enfants de Ghaza sans nourriture, sans soins, sans abris, tout en poursuivant le largage des bombes au-dessus de leurs têtes. Comment les eurodéputés de Strasbourg peuvent-ils être émus aux larmes par Roman de Kiev tout en participant aux massacres de 320 000 « Roman » piégés à Ghaza ? Qu’est-ce qui différencie un enfant d’un autre ? Les civilisés de Strasbourg ont-ils une réponse ?
Zouhir Mebarki
